profession
David Frappart, directeur marketing de Vania, publie un roman dans lequel il se dévoile comme «un manager de l'intime». Quand vie professionnelle et vie privée s'entremêlent.

David Frappart est directeur marketing France de la marque de produits d'hygiène féminine Vania. À 39 ans, il vient de publier À la conquête des femmes: confessions d'un manager de l'intime (éditions Max Milo, 281 pages, 18,90 euros). Un roman autobiographique dans lequel ce cadre supérieur raconte sans fausse pudeur ses réussites professionnelles, mais aussi ses déboires amoureux. S'il a écrit sous sa véritable identité, c'est parce que cet expert en études marketing, passé chez Bic, Unilever et Johnson & Johnson, veut être transparent vis-à-vis de son employeur et de ses prestataires, au premier rang desquels figurent les agences de publicité.

 

Vous publiez un livre dans lequel vous exposez votre vie professionnelle, mais aussi des éléments très intimes de votre vie privée. Pourquoi avoir choisi d'être publié sous votre véritable identité et non sous un pseudonyme?

David Frappart. J'ai écrit ce roman après que ma femme m'a quitté. Il s'agissait d'abord d'un simple journal intime. Et puis, très vite, le projet a pris de l'ampleur. J'étais conscient qu'il me servait de thérapie. C'est pourquoi j'ai tenu dès le début à ce qu'il soit publié sous mon vrai nom. Je pense que rien ne nous arrive par hasard. Comme ce n'est pas un hasard si j'ai commencé à travailler dans le secteur de l'hygiène féminine alors que j'éprouvais des difficultés dans mes relations amoureuses avec les femmes. Surtout, je milite pour la transparence. Il est important pour moi de montrer qui je suis à mes proches, à mes collègues, à mes contacts professionnels. Je veux être considéré dans ma globalité, avec mes forces et mes faiblesses, et non pas uniquement au travers de ma fonction.

 

Justement, n'avez-vous pas peur, en racontant vos échecs sentimentaux, de ternir votre réputation professionnelle?

D.F. J'assume totalement mon histoire. Quitte à casser l'image de réussite sociale. Je suis d'ailleurs convaincu que cet exercice de vérité n'est pas forcément préjudiciable à une carrière. Bien au contraire. Tout le monde vend aujourd'hui les mêmes produits. Du coup, les entreprises recherchent des profils audacieux, des leaders, des défricheurs, capables d'apporter des solutions et des innovations, et non pas des clones lisses et sans faille. On ne peut pas être créatif sans avoir connu des échecs. Ce sont nos faiblesses qui nous poussent à nous surpasser.

 

Comment cela s'est-il passé avec votre employeur?

D.F. Dès que j'ai décidé d'écrire sous ma véritable identité, il était évident pour moi que je devais avoir l'aval de mon employeur. J'en ai donc parlé à mon supérieur direct, qui a envoyé le manuscrit à l'avocat de l'entreprise. Celui-ci n'ayant exprimé aucune objection, mon «N+1» m'a donné l'autorisation de publier.

 

Dans votre livre, vous délivrez pourtant un certain nombre d'informations, notamment sur les stratégies de conquête des consommatrices…

D.F. La plupart des données mentionnées dans mon roman peuvent se trouver sur Internet ou dans des articles de presse. J'ai veillé à ne divulguer aucune information confidentielle. Je me suis même amusé à donner de fausses pistes.

 

Depuis la parution de votre livre, quelles ont été les réactions de vos collègues et de vos relations professionnelles?

D.F. Pour l'instant, il n'y en a pas eu beaucoup car mon roman vient de sortir. Toutefois, je veille à informer mes contacts, les uns après les autres. Des proches ne l'ont pas toujours bien vécu. Des collègues féminines ont été choquées par la crudité de certains passages. Les prestataires avec qui je travaille ont, eux, été plutôt enthousiastes. C'est particulièrement vrai avec les agences de publicité et de communication, qui ont apprécié ma créativité. J'ai l'impression que ce livre a renforcé ma crédibilité à leurs yeux.

 

Avez-vous d'autres projets artistiques?

D.F. Je réfléchis à un nouveau roman, mais cette fois-ci de pure fiction. Par ailleurs, je vais jouer, fin 2010, un monologue que j'ai écrit. Il raconte l'histoire d'un cadre supérieur qui se retrouve coincé sur la scène d'un théâtre et qui va petit à petit tomber le masque. Cette pièce s'inspire en partie de ma propre expérience.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.