Femmes managers

Avec trois plans sociaux gérés dans sa carrière, Virginie Calmels accepte la vision que pourrait avoir d'elle le monde extérieur. «On me qualifie de Dame de fer, soupire la présidente d'Endemol France. Si cela ressort aussi souvent, c'est qu'il y a sans doute une part de vérité.»

Après une carrière professionnelle débutée dans l'audit financier, Virginie Calmels s'est imposée dans le paysage audiovisuel en une décennie. À moins de quarante ans, cette jeune maman de deux enfants préside l'une des sociétés de production les plus influentes de l'Hexagone. Ce n'est peut-être pas un hasard. «Malgré des origines bien françaises, entre le Lot et le Gers, je pense avoir un style de management à l'anglo-saxonne, estime-t-elle. C'est un caractère que j'ai acquis dans les écoles de commerce que j'ai fréquentées.» C'est notamment le cas à l'École supérieure de commerce (ESC) de Toulouse et, surtout, à l'Insead, où elle a effectué une formation de quelques mois alors qu'elle n'avait pas trente ans. «Ce cursus était réservé à des membres de conseils d'administration. Or, non seulement j'étais la plus jeune, mais, en plus, nous étions peu de Français et encore moins de femmes», se souvient-elle.

Ce parcours a donné à la présidente d'Endemol France la notion de la justesse: «Je suis obnubilée par le côté juste des choses. Une décision peut être dure, mais elle doit être juste. Je suis aussi pour la méritocratie. Pour progresser, il faut des résultats.»

Dans son bureau parisien de la rue Torricelli, non loin de l'Étoile, entre des photos de ses enfants, des dessins de sa fille aînée et la réplique de la statuette d'un oscar, Virginie Calmels impose donc une certaine rigueur de management.

Le challenge comme élément moteur

Pour diriger, l'ancienne auditrice ne s'est pas entourée d'une «garde rapprochée». «J'ai un comité exécutif de huit personnes, mais ce ne sont pas des “gens à moi”. D'ailleurs, je ne sais pas trop ce que signifie ce terme, dit Virginie Calmels. Le plus important est de partager des valeurs communes et d'avoir un même but.»

Elle prône aussi la complémentarité et préfère avoir des collaborateurs «qui ne se ressemblent pas et ont des particularités». Le challenge est aussi un élément moteur dans sa vie professionnelle. «J'aime bien les gens qui veulent ma place!, lâche-t-elle. C'est plutôt rassurant et sain pour une entreprise. Cela pousse vers le haut. Et puis, j'ai la bougeotte. Je ne reste pas vingt ans dans une boîte.»

Quant à sa condition de femme, ce n'est pas un sujet pour Virginie Calmels. «Je ne fais pas d'ostracisme, affirme la présidente d'Endemol. Je ne privilégie pas les femmes. J'ai une équipe qui reflète la population active du secteur.»

Aujourd'hui, cette femme, qui vient d'abandonner les lunettes et les lentilles après une opération de la cornée, a déplacé les curseurs de sa vie: «J'adore mon travail, mais, désormais, mon plus grand épanouissement, ce sont mes enfants. Cela relativise les choses, surtout dans certaines circonstances.» Comme la bataille sur les Miss France qui oppose aujourd'hui Endemol à Madame de Fontenay.

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