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Une étude commandée par Google Enterprise se penche sur l'entreprise du futur, et plus particulièrement sur le travail à distance, mettant au jour les réticences des salariés au télé-travail.

«La disparition du bureau annoncée dans les années 1980 ne s'est pas produite; nous sommes avant tout des animaux sociaux...», remarque Christophe Jouan, président de l'Observatoire international Future Foundation, qui a réalisé pour Google Enterprise une étude intitulée L'Avenir du travail. Trois mille cinq cents cadres, appartenant aux divisions RH et informatique ont été sondés dans cinq pays: Grande-Bretagne, États-Unis, France, Allemagne, Japon.

Les Français s'y distinguent sur nombre de points. Le premier, et pas le moindre: l'Hexagone est le pays où la connexion émotionnelle avec le travail est la moins forte: 66 % des Français considèrent qu'il n'est pas une fin en soi (contre 36% aux Royaume-Uni et aux États-Unis, 34% au Japon et 31% en Allemagne).

La France est par ailleurs le pays, avec le Japon, où les salariés se sentent le moins encouragés à télé-travailler: moins de 15 % d'entre eux se reconnaissent dans l'affirmation «mon employeur m'encourage, ainsi que mes collègues, à travailler à distance».

«La moitié de sondés estime ne pas disposer de la technologie nécessaire pour travailler à la maison, remarque Christophe Jouan. Mais la majorité des Français estime que l'équipement personnel est plus performant que celui de l'entreprise.»

Le travail en solo ne convainc pas encore les foules: 59% des personnes interrogées indiquent qu'elles préfèrent travailler en équipe, 57% préfèrent l'aspect socialisant d'un bureau et apprécient de passer du temps avec leurs collègues, 54% pensent d'ailleurs que leurs meilleures idées leurs sont venues à la suite de discussions avec leurs collègues, un chiffre qui peut monter jusqu'à 61% en Allemagne.

«Pourtant, le télé-travail représente un avantage certain pour les entreprises, qui y trouvent un moyen d'économiser sur les loyers, ainsi que sur les temps de transport, estime Christophe Jouan. De plus, travailler chez soi permet de mieux se concentrer et accroît la productivité des salariés, qui apprécient de se dire: je peux rester chez moi une fois par semaine.»

Parmi les principaux souhaits des salariés interrogés, des horaires de travail plus souples et la possibilité de travailler à domicile: un tiers des personnes interrogées pensent que très peu de salariés travailleront dans un bureau à l'avenir.

 

Technologies innovantes ou vieilles recettes ?

À quoi ressemblera le travail en 2020? «On va assister à l'ascension des "e-lancers": de plus en plus d'entreprises feront appel à des prestataires extérieurs», prévoit Christophe Jouan. Parallèlement, la montée en charge de l'informatique dans la gestion de l'humain donnera sans doute lieu à des rapprochements: «La direction des ressources humaines et la direction des services d'information vont être amenées à fusionner: plus d'un tiers des personnes interrogées pensent que la DSI aura des responsabilités accrues, certains spécialistes estimant même qu'à l'avenir les services RH et SI seront dirigés par la même personne.»

Si les salariés ne sont pas encore prêts à quitter leur lieu de travail, ils sont loin d'être rétifs aux nouvelles technologies, selon l'étude. Contrairement à une idée reçue, l'envie d'utiliser de nouveaux outils est très présente: seules 8 % des personnes interrogées (6% en France) déclarent se sentir dépassées par les nouvelles technologies au sein de leur entreprise. Particulièrement lorsqu'elles servent à échanger avec ses collègues.

Comme le souligne Denis Ettighoffer, du Technopolis Institute, interrogé dans l'étude, «nous sommes entrés dans une économie d'idées, dans laquelle la circulation du savoir et l'intensification des échanges sont les seules garanties de la création de valeur pour les entreprises.»

Mais pour favoriser la créativité de ses salariés, la mise en place de technologies innovantes ne suffira pas. L'on revient donc à une bonne vieille recette. À la question: quels aspects vous permettraient d'accroître votre productivité au travail, c'est la récompense financière qui arrive largement en premier. À 57 %, les Français déclarent d'ailleurs qu'ils partageraient davantage d'idées avec leurs employeurs s'ils avaient l'assurance d'une contrepartie sonnante et trébuchante.

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