La politique de développement durable de l'entreprise, sa démarche éthique, sa charte de diversité? D'après une étude (1) de l'agence Publicorp, réalisée avec le cabinet Seprem, les candidats à l'embauche n'en ont cure quand il s'agit de se forger une opinion sur un employeur. «Ce qui domine, c'est l'hyperpragmatisme des candidats, explique Bertrand Joly, responsable de l'étude chez Publicorp. Ceux-ci veulent des informations concrètes sur l'entreprise et ne s'embarrassent pas de fioritures.»
L'enquête montre d'abord que plus l'internaute est âgé, plus il passe de temps sur la Toile à la recherche d'information sur un potentiel recruteur : les plus de 51 ans restent ainsi en moyenne 47 minutes par employeur, contre 37 minutes pour les juniors.
Le site ressources humaines (RH) de l'entreprise, visité systématiquement dans 77% des cas, est la première source des internautes, qui y passent 25 minutes en moyenne. «C'est nettement plus que le temps passé sur un site marchand», précise Bertrand Joly.
De leur côté, les sites de presse et d'information sont «parfois» ou «systématiquement» consultés par 66% des internautes, tandis que les blogs de salariés le sont par 53% d'entre eux. Quid des forums de discussion et autres réseaux sociaux tant vantés pour leur caractère réactif et interactif? Seuls 16% des internautes visitent systématiquement les premiers, et à peine 11% les réseaux sociaux professionnels et 6% les réseaux sociaux personnels. Surprenant, à l'heure de l'avènement du Web 2.0 et de la culture du partage de l'information. «Peut-être qu'à l'avenir, ça changera. Mais pour le moment, ces sites sont sous-utilisés par les internautes en matière de recherche d'emploi», constate Bertrand Joly.
Moins regardants sur les éléments collectifs
Comme source d'information des internautes, le site RH de l'entreprise est donc largement privilégié. Mais, là encore, les onglets consultés interpellent. Ceux concernant la politique de développement durable de l'entreprise, la diversité et la démarche éthique sont les moins sollicités. Jusqu'à la politique RH de l'entreprise ignorée par 17% des sondés. «Ces résultats sont sans doute liés au fait que les candidats ne se projettent plus comme avant dans une carrière en entreprise, décrypte Éric Tazartez, directeur général de Publicorp. Du coup, ils sont moins regardants sur les éléments du collectif.» Analyse similaire pour Bertrand Joly: «Les candidats à l'embauche sont en attente d'informations opérationnelles sur les métiers de l'entreprise, son secteur d'activité, ses clients… Quitte à mettre des œillères sur tous les autres aspects collectifs, remarque-t-il. Ils sont dans le principe de réalité et ont intégré qu'ils n'étaient plus en position de force pour choisir un employeur.»
Cet «hyperpragmatisme» se retrouve également dans les contenus plébiscités dans les sites RH. Alors qu'on les dit friands d'interactivité, les tests visant à savoir si les candidats correspondent aux métiers proposés sont jugés «très utiles» par à peine 15% des sondés. Quant aux tchats avec le DRH, de plus en plus développés par les entreprises, seuls 18% les considèrent de la sorte. «S'ils ne voient pas l'utilité de la formule, c'est aussi parce qu'ils ont été déçus, estime Éric Tazartez. Ils considèrent ces formes d'échanges comme des exercices contraints et trop policés qui leur apportent rarement de bonnes informations sur l'entreprise.» C'est aussi cela, le principe de réalité.
Les patrons du CAC 40 négligent leur réputation en ligne
C'est le constat du premier palmarès de la réputation en ligne des patrons de grandes sociétés cotées à la Bourse de Paris, dévoilé par l'agence Hopscotch le 23 février dernier. L'étude révèle des patrons présents en ligne plutôt malgré eux : aucun possède un blog personnel, 7% disposent d'un compte Twitter et ils ne sont que 5% à avoir un profil Facebook. En revanche, l'un d'entre eux, le PDG d'Alcatel-Lucent a un groupe Facebook contre sa personne. Enseignement inattendu, la présence des patrons sur la Toile est peu corrélée avec les informations sur leur entreprise. Ainsi, un dirigeant à la tête d'une entreprise en difficulté peut conserver une bonne e-réputation. C'est le cas de Jean-Luc Dehaene, chez Dexia, qui trône en tête du classement, suivi par Franck Riboud (Danone), Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain), Lakshmi Mittal (Arcelor-Mittal) et Paul Hermelin (Cap-Gemini).