Pour maintenir le lien avec leurs équipes malgré le télétravail à haute dose, la start-up Questions pour une fine bouche propose aux entreprises des dégustations culinaires sur Zoom. Explications avec Fabrice Gepner, son fondateur.
Comment avez-vous eu l'idée de créer ces dégustations à distance ?
Depuis trois ans maintenant, j’ai un local à Paris prévu pour les dégustations de particuliers. Le 15 mars 2020, j’ai dû fermer boutique avec la crise sanitaire et trois semaines plus tard, le premier Questions pour un Fromton a été organisé en ligne. Il y avait 300 personnes connectées dans toute la France. J’ai dû m’adapter et découvrir les applications de visioconférence. Les retours des participants ont été très positifs, ce qui m’a poussé à continuer tout en me tournant vers les entreprises. J'ai fait cela pour deux raisons principales : celles-ci sont venues à moi donc j’ai saisi l’opportunité et financièrement, c'est plus avantageux. Avant le confinement, je n’avais pas forcément pensé à ce concept de dégustation à distance. Mais par la suite, c’est devenu une évidence si je voulais continuer à proposer Questions pour une fine bouche. Les personnes ne pouvaient plus venir à moi, alors je suis allé à eux. Pour cela, on a imaginé un service de livraison de colis avec une animation en ligne en compagnie d'experts.
A qui sont destinées ces animations en ligne ?
Questions pour une fine bouche est proposé à toutes les entreprises de 10 à 500 collaborateurs qui se trouvent en télétravail et qui ont à cœur de fédérer leurs équipes et de passer un moment convivial. Le but est aussi de proposer une animation intelligente, animée par des experts passionnés (fromager, crémier, affineur, caviste, sommelier, chocolatier). On reconnait qu’un événement à distance avec 500 personnes, ce n’est pas vraiment participatif. C’est pourquoi ils sont réunis dans un premier temps dans une salle, pour permettre les différentes présentations. Ensuite, ils sont répartis dans différentes salles par groupes de 40 maximum, chaque groupe étant avec un animateur. Au niveau de nos clients, il n’y a pas de secteur particulier. Il est vrai qu’on retrouve beaucoup de start-up, principalement dans la tech. Mais il y a aussi de grands groupes, comme La Poste, Axa ou bien LVMH. Questions pour une fine bouche est ouvert à tous types d’entreprises, en France et en Europe.
Que voulez-vous transmettre à travers ces dégustations ?
A travers ces animations, nous avions le désir d’éduquer les clients sur les différents produits. Il y a donc une expertise qui est apportée durant la dégustation. Je parlais d’animation intelligente précédemment et ce sont les experts qui permettent cela. Pendant la dégustation, ils vont transmettre leur savoir et expliquer les différences entre chaque produit. On souhaite aborder, auprès des clients, les problématiques liées à l’industrie agroalimentaire. Par exemple, pour Questions pour un Fromton, la sélection de fromages change chaque saison. A Noël, nous n’allons pas proposer de chèvre frais car le cycle de lactation de l’animal se termine en novembre. Ce ne serait ni écologique ni respectueux auprès de cette espèce. Notre objectif est d’apporter du divertissement et du lien pendant cette période de télétravail tout en changeant, à notre échelle, les habitudes alimentaires. Questions pour une fine bouche est une animation responsable qui se veut pédagogique, avec un discours environnemental, toujours sur un ton léger.
Lorsque la crise sanitaire sera terminée, pensez-vous que le concept pourra continuer ?
C’est une question que je me pose justement car je réfléchis à la stratégie de demain. De septembre à décembre 2021, nous avons proposé à nouveau des événements en présentiel. Pour être honnête, faire les dégustations sur place était plus problématique finalement. Aujourd’hui, on se demande si nous n’allons pas rester sur des animations et dégustations uniquement à distance, même dans un contexte hors-covid. On pense aujourd’hui à des livraisons de coffrets, avec des produits gastronomiques. Le but n’est pas juste d’envoyer ces produits aux clients, mais nous voulons avoir cette dimension d’expérience et d’animation avec des box augmentées. Nous pensons aussi à un système d’abonnement auprès des entreprises. Nous avons encore quelques animations sur place mais nous allons progressivement les retirer et rester sur les dégustations à distance. C'est ce sur quoi nous sommes bons et avons une vraie valeur ajoutée.