Correspondante internationale pour CNN Melissa Bell revient sur les grandes actualités de l'élection présidentielle américaine à quelques jours du dénouement.

La polarisation politique extrême des États-Unis, notamment lors de la campagne de cette élection présidentielle.

C’est vrai que cette polarisation, dont on parle depuis 2016 et la première victoire de Donald Trump, n’a fait que s’accentuer, et c’est parce qu’entre-temps, le paysage médiatique a été transformé. Nous avons des grands « Legacy Medias », comme les appellent les Américains, qui sont écoutés de façon de plus en plus partisane. Il y a aussi les réseaux sociaux, qui n’ont pas les filtres des journalistes et qui sont des amplificateurs de vérités et de mensonges. Ils relayent toutes sortes d’informations, qui sont ensuite amplifiées et qui nourrissent finalement les peurs des gens. Cette inquiétude des Américains par rapport à l’élection s’explique par la tournure sombre qu’elle a pris. Pas simplement à cause de la rhétorique de Donald Trump, mais aussi parce que chaque camp présente la catastrophe que ce sera pour le pays, si l’autre est élu, avec une incapacité à se parler ou à s’entendre sur une réalité commune.

Les paroles du rappeur Eminem, dans sa chanson Lose Yourself, invoquées par Barack Obama pour soutenir Kamala Harris.

Ce qui est remarquable dans cette campagne, c’est l’importance de l’image de chaque candidat, avec ses coups de communication ou encore les soutiens des célébrités [Taylor Swift, Beyoncé ou Bruce Springteen pour Kamala Harris ; Elon Musk, le catcheur Hulk Hogan ou l’humoriste Tony Hinchcliffe pour Donald Trump]. Les vrais débats sur les « promesses » ont été réduits dans cette élection présidentielle, parce que justement, chaque camp parle à une base qui est décidée à le soutenir, donc à son électorat. Obama ne déroge pas à la règle.

Trump dans la peau d’un travailleur McDonald’s en Pennsylvanie, un des swing states [États pivots, qui peuvent changer de camp et faire basculer le résultat].

Un excellent coup de com ! Cette visite fait écho au fait que Kamala Harris avait expliqué que pour financer ses études, elle avait travaillé au McDonald’s. Donald Trump, qui doutait de ses propos, s’en est moqué de cette manière. C’était une façon pour lui de parler à sa base et de se mettre en avant. Le fait de se mettre à la place d’un travailleur du restaurant McDonald’s est très fort, car il a réussi à véhiculer cette image d’un homme proche du peuple, à sa portée. Il est parvenu à faire parler ses partisans, mais aussi ses détracteurs. Son coup de com a été largement repris. Regardez, on en parle encore aujourd’hui. Pourtant, dans les sondages d’opinion et dans les votes, c’est relativement peu évoqué. On a du mal à en parler, car il s’agit d’une communication qui s’adresse à son public propre, que ce soit pour Donald Trump comme pour Kamala Harris.

Les réseaux sociaux, les youtubeurs et les podcasters prennent le pas sur la télévision pour la couverture médiatique de l’élection.

On le voit par les entretiens qu’ont faits les candidats avec des réseaux spécifiques. Dans cette dernière ligne droite, Kamala Harris et Donald Trump se servent des réseaux sociaux, qui ont un poids et une importance plus forte qu’ils n’avaient en 2020 ou en 2016. Les deux candidats sont obligés de s’en servir pour essayer de faire passer leurs messages. De par leur nature, leur capacité à véhiculer du faux comme du vrai, leurs tendances et leurs algorithmes, ces réseaux sociaux ont transformé le paysage américain de 2024 par rapport à 2016.

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