La gestion du dossier Alstom par le gouvernement laisse les Français perplexes. Entre l'américain General Electric ou l'allemand Siemens, le résultat est sensiblement le même pour la population qui ne comprend pas la guerre que se livrent le PDG d'Alstom et le ministère de l’Économie.

Qui de l'américain General Electric ou de l'allemand Siemens rachètera le cœur d'Alstom? A savoir sa division énergie, soit 75% de son activité globale, évaluée à 10 milliards d'euros. Alors que ce fleuron français du transport et de la production d'énergie aborde un tournant historique de son histoire, les négociations font penser à une guerre de tranchée. D'un côté Patrick Kron, PDG d'Alstom, manifeste une préférence claire pour le plan de rachat de General Electric. De l'autre, le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, se fait l'avocat de l'offre soumise par Siemens et d'un «projet industriel européen». Une confrontation qui ne plaît guère aux Français.

Selon un sondage BVA-I-Télé du 3 mai, 58% d'entre eux se déclarent mécontents de la gestion de ce dossier par le gouvernement. Des chiffres identiques à ceux récoltés lors de «l'affaire Mittal» en 2012. Mais «les Français n'en veulent pas à la politique interventionniste menée par Arnaud Montebourg, au contraire. Tout comme lors de l'affaire Mittal, c'est d'avantage l'absence de résultats qui est déplorée. Si l'on brandit une forme de patriotisme économique, encore faut-il pouvoir garantir de bons résultats finaux», analyse Céline Bracq, directrice des études de BVA Opinions. Et dans le cas d'Alstom, les Français regrettent qu'une entreprise, présentée comme une fierté nationale à conserver absolument pour l'intérêt public, suscite une agitation aussi cacophonique pour finalement tomber de toute façon dans une escarcelle étrangère.

Une exception industrielle

Selon ce même sondage, 55% des Français se déclarent même favorables à une nationalisation temporaire d'Alstom, rejoignant notamment les préconisations du leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon. A l'heure où l'étatisme n'est plus à la mode, cette inclination populaire peut être justifiée par le fait qu'elle concerne l'«exception industrielle, un secteur auquel les Français sont particulièrement attachés», précise Céline Bracq. 

Cette dernière poursuit en expliquant que face à l'enjeu de ce rachat, la proactivité d'Arnaud Montebourg est raccord aux attentes formelles des citoyens. «Les Français sont favorables à ce que les gouvernants se mêlent des sujets économiques et leur demandent expressément de s'intéresser à l'emploi en France. Ils attendent qu'ils puissent, sur un ton calme, donner les clés d'explication sur les enjeux pour le pays, en termes d'emploi ou encore de structure industrielle», ajoute Céline Bracq. A noter qu'un sondage CSA du 5 mai semble conforter la démarche empruntée par le ministre de l'Economie: 59% des Français estiment que le patriotisme économique est un outil efficace pour redresser l'économie française.

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