Pour s'exprimer, la publicité a besoin de pouvoir jouer. Jouer avec les stéréotypes, avec les conventions, avec l'incorrect. Jouer avec le public, en quelque sorte, et non pas se jouer de lui. Mais l'époque n'est pas vraiment au jeu... Le politiquement correct ravage nos cultures.
Dans l'affaire Smerep [Société mutualiste des étudiants de la région parisienne], qui agite notre monde professionnel, la décision du Jury de déontologie publicitaire (JDP) de faire cesser la diffusion de l'ensemble d'une campagne provoque la colère de l'annonceur, qui réagit sous forme publicitaire, de son agence et de beaucoup de publicitaires.
Que dit l'Association des agences conseils en communication (AACC)? Trois choses.
1. Le JDP est là pour définir la frontière entre l'acceptable et l'inacceptable. Ce principe d'autorégulation ne saurait pas être remis en cause. C'est notre système de protection contre nous-mêmes dans notre responsabilité à l'égard des publics auxquels nous envoyons des messages qu'ils n'ont pas sollicités. Et contre les décisions intempestives de ceux qui pour des raisons idéologiques ou démagogiques veulent toujours davantage que la publicité soit totalement encadrée et contrôlée.
2. Le jury du JDP doit être composé de personnalités indépendantes (du politique comme du politiquement correct, comme des groupes de pression) et compétentes pour évaluer les campagnes. La plus grande attention doit être portée à leur nomination.
3. Le JDP est une «juridiction» qui n'autorise pourtant pas de procédure d'appel, sauf à remplir des conditions extraordinaires. Cela doit changer.
C'est ce que nous demandons au conseil d'administration de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).