Le verdict est sans appel: la pratique des jeux d'argent en ligne présente un "niveau de risque élevé" par rapport à l'ensemble des jeux d'argent et de hasard, révélait le 27 juin dernier une étude sur les joueurs en ligne réalisée par l'Observatoire des jeux (ODJ). La part de joueurs en ligne "problématiques" serait ainsi de 17% (joueurs "à risque modéré" 10,4% et joueurs "excessifs" 6,6%). Soit un niveau "bien plus élevé" que lors d'une étude menée en 2010, avant l'ouverture des jeux en ligne en France (1,3% de joueurs "à risque modéré" et 0,4% de joueurs "excessifs"). Voilà qui conforte la décision du gouvernement, annoncée le 18 juin dernier, de légiférer pour lutter contre l'addiction aux jeux d'argent et de hasard.
Or, ce boom des jeux en ligne ne passent pas uniquement par les seuls sites labellisés par l'Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne). L'étude révèle en effet que si 54,4% des joueurs passent exclusivement par les sites labellisés, 26,5% recourt aussi bien aux sites légaux qu'illégaux et 19,1% ne vont que sur des sites non régulés.
Jeux nomades en forte croissance
Selon une autre enquête menée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 3,7% des personnes interrogées, soit 2 millions de personnes, déclarent avoir joué à un jeu d'argent et de hasard en ligne au cours des douze mois précédant l'étude. Un quart d'entre eux misent exclusivement en ligne et 45% des joueurs en ligne jouent au moins une fois par semaine contre 23% pour l'ensemble des joueurs.
Le profil moyen du joueur en ligne est majoritairement masculin (57,2%) et plutôt jeune (la moitié a moins de 33 ans et 65% moins de 41 ans), exception faite des paris hippiques: les trois-quarts ont plus de 35 ans. Les plus diplômés privilégient le poker et les paris sportifs et les moins diplômés les jeux d'adresse et de hasard.
Les vingt opérateurs labellisés (poker, paris sportifs et hippiques), qui se partagent le marché depuis son ouverture en juin 2010 (9,408 milliards d'euros en 2012 sur un total de 32,5 milliards d'euros pour les jeux d'argent et de hasard), disposent d'un large public qui n'est pas prêt de se tarir. "Le marché des jeux en ligne croît mais on constate un ralentissement du fait de la crise. Un point de chômage en plus égale deux points d'activité en moins pour le PMU", note Benoît Cornu, directeur de la communication de la société de paris.
Cet engouement est corroboré par les résultats de l'étude REC+ de l'institut GfK, menée du 13 mars eu 5 avril derniers sur un autre secteur: les jeux de loisir. Selon cette enquête, les Français consacrent 12h12 par semaine aux jeux vidéo ou sur mobile, soit deux heures de plus par rapport à 2011. Parallèlement, le temps consacré chaque semaine par les Français à la musique et aux livres est resté stable (6h22 pour la musique et 5h32 pour les livres). Le nombre de Français à s'être procuré des applications ou jeux sur tablette ou smartphone "a augmenté de 50%" en un an seulement. "Les jeux nomades sont en très forte croissance portés par l'essor des terminaux mobiles qui représentent aujourd'hui 30% de nos paris sportifs", avance Benoît Cornu qui constate par ailleurs que les jeux de loisir gratuits s'orientent de plus en plus vers le payant.