Les images du scandale tournent en boucle: Jérôme Cahuzac, yeux dans les yeux avec l'opinion, jure devant l'Assemblée nationale être innocent. La France est témoin. Depuis ses aveux, c'est la consternation et le désarroi pour ses amis politiques… mais pas seulement! C'est toute la classe politique qui est foudroyée et force est de reconnaître, une fois pour toutes, que le politicien est désormais présumé menteur par l'opinion. L'admettre et se remettre en question est un prérequis nécessaire à la restauration de la confiance.

Pourquoi faire confiance à la «parole publique»? Parce qu'on n'a pas le choix? Mais que peut valoir une confiance qu'on établit «faute de mieux»? Rien. Cela s'appelle de la résignation. Quelle aubaine pour les acteurs politiques et leurs escouades de conseillers! Voilà que l'opinion, incapable de déterminer les arrière-pensées du politicien, parie sur ses bonnes intentions affichées. Un boulevard où l'on peut tout se permettre. C'est plus que regrettable car cela détruit le fondement même de la confiance dans la parole politique, à savoir une présomption de vérité et de bienveillance.

La population part d'un principe fragile mais indispensable: si le politicien nous parle, c'est forcément pour le bien commun. De toute évidence, lorsque la parole politique se trahit, ceux qui l'ont présumée sincère ou bienveillante ont le sentiment de passer pour des pigeons. Peut-on le leur reprocher? Tout le monde est médusé lorsque que les partis populistes les plus extrêmes réalisent des scores élevés aux élections. On s'offusque, on s'interroge, on accuse son voisin.

Mais qu'ils se regardent en face, les acteurs politiques de tout bord et les mauvaises consciences qui leurs servent de conseillers en communication. Ils ont lavé la parole publique dans la boue des parjures, des fausses promesses, des discours humiliants, des disputes médiocres, et voilà qu'ils ont un sursaut au cœur de constater qu'on ne leur fait plus confiance.

A cette allure, la ritournelle «Tous pourris!» des partis extrêmes va devenir un second hymne national. Ces partis n'ont jamais trouvé autant d'eau sale pour faire tourner leur moulin.

Un jour, il faudra bien solder les comptes et nous, les professionnels de la communication, devrons prendre nos responsabilités. Ce jour doit arriver au plus vite. Cela fait plus de deux mille ans que la philosophie occidentale réfléchit à une éthique de la communication et nous ne sommes pas capables d'en tirer un peu, un tout petit peu, d'enseignement?

Le chantier de la confiance devra commencer par une revalorisation de la parole publique. N'oublions pas que c'est dans cette parole que se coagulent nos raisons de vivre ensemble et de partager un bien commun. Nous avons tous un rôle à jouer. Il devient urgent d'allier dans notre réflexion stratégie et respect, intelligence et honnêteté. Le cas échéant, nous devrons être capables de nous servir de notre jugement pour dire non à tout ce qui pourrait nuire au bien commun.

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