Les relations publics au chevet de la profonde crise de confiance? Oui, évidemment. Trois études en moins de 15 jours délivrent des chiffres à donner le tournis: 30% des Français feraient confiance aux grandes entreprises, quand ils étaient 58% en 2005 (Kantar Media et TNS Sofres pour Ethicity), 51% des 25-34 ans souhaiteraient vivre en dehors de l'Hexagone (Viavoice pour W&Cie), 27% des Français feraient confiance à François Hollande (TNS Sofres pour Le Figaro magazine). La spirale est-elle infernale ou bien peut-elle être contenue puis infléchie? A n'en pas douter – surtout pas –, la crise de confiance, majeure, que nous traversons peut être inversée, mais à l'une des conditions suivantes: faire abstraction de méthodes désormais à bout de souffle.

Dans le champ politique, d'abord. Tout ou partie d'entre vous a sûrement remarqué que les conseils stratégiques entourant les plus hautes autorités de l'état émanaient des sphères publicitaires ou journalistiques. Le conseil en communication, dont l'origine est publicitaire, a été façonné par le «claim» et le 30 secondes, sortes de toute puissance en regard des autres techniques pourtant à sa disposition. Sans parler de la dépendance publicitaire des médias, qui pourrait augurer de telle ou telle pression ici ou là…

L'époque refuse désormais qu'on lui impose toutes les vérités mais, plutôt, que certaines d'entre elles soient coproduites. A tout le moins qu'il lui soit proposé quelques pistes et qu'une partie des décisions, in fine, apparaisse comme collégiale. Paroxysme démocratique. Le conseil en communication dont l'origine est, lui, journalistique a dû voir son parcours imprimé par le sens critique, jalonné par la neutralité vis-à-vis du personnel politique ou encore par une distance salutaire envers les communicants. Comment alors, une fois dans les rouages du pouvoir, embrasser des techniques propres aux codes de la communication?

Les deux dernières prestations du président de la République, certes à des moments emprunts d'une extrême complexité, ont été totalement ratées. Peut-il les imputer à ses seuls conseillers? A l'évidence non, mais un conseil en relations publics, de par sa formation initiale faite d'écoute, d'empathie, de rigueur et de souplesse ajoutée à son expérience ainsi qu'à sa connaissance pointue des rédactions avec qui il travaille au quotidien pourrait, aussi, éclairer un chemin qui, aujourd'hui, est dans une pénombre inquiétante.

Dans le champs sociétal, ensuite. La marque France est en piteux état tant ses infrastructures superposées, ses baronnies, ses rigidités administratives, son coût du travail, sa place dans le monde d'aujourd'hui semblent renvoyer au calendes son esprit d'indépendance, son instinct de résistance, sa vision, ses Lumières, sa géographie enviée – encore – dans le monde entier, ses artistes ou son modèle social.

Là aussi, l'Hexagone devrait renouer le dialogue avec ses administrés par un environnement relationnel renouvelé. Par des symboles incontestables. Les campagnes gouvernementales inodores et insipides pourraient, dans cette perspective, laisser la place à des agoras que ministres, députés, sénateurs ou maires animeraient eux-mêmes. Un exemple parmi tant d'autres. Ainsi, l'Etat se concentrerait sur l'essentiel et responsabiliserait ses administrés. Victor Hugo, en 1872, le disait, déjà, bien mieux que moi: «Hélas! combien de temps faudra-t-il vous redire; A vous tous, que c'était à vous de les conduire; Qu'il fallait leur donner leur part de la cité; Que votre aveuglement produit leur cécité.» Plus près de nous, Jacques Pilhan relevait «une coupure croissante entre l'élite et les petits que nous avons repérée il y a un moment déjà». C'était en 1995. Une broutille à l'échelle de l'humanité, mais un millénaire dans notre temps désormais digitalisé.

Dans le champ économique, enfin. Assis derrière deux ministres, un haut cadre dirigeant me soufflait qu'il avait davantage de pouvoir que lesdits ministres. Vrai ou faux? J'ai ma réponse, mais laisse la vôtre à votre sagacité. En tout état de cause, l'économie est partout. Et elle n'est pas un gros mot. Bien au contraire. Encore faut-il l'expliquer, la partager, lui donner de la clarté plutôt que de s'en servir comme d'un bouc émissaire. Réaffirmer inlassablement, par exemple, que la croissance crée de l'emploi et que la décroissance en détruit. Que l'harmonisation fiscale européenne est un impératif. Que la disparition de la monnaie unique serait le scénario du pire. Qu'il vaut mieux promouvoir le risque plutôt que de s'accrocher à la rente, etc.

Bien qu'ayant le cuir épais, le cliché sur les relations publics n'a définitivement plus lieu d'être. Au-delà de savoir écrire un communiqué, ses professionnels entendent le bruit de fond de la société, créent du lien par de multiples moyens – digitaux ou non – à leurs dispositions, favorisent la décision publique ou son acceptation. Puissent les gouvernants politiques ou économiques, enfin, l'entendre.

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