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48% des Français accepteraient une hausse des cotisations

Interroger l'opinion sur les retraites revient à séparer la France en deux, si l'on en croit un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche mené les 7 et 8 mars auprès d'un millier de Français: celle des retraités eux-mêmes qui sont favorables à l'allongement de la durée de cotisations (61%) ou au recul de l'âge de départ au-delà de 62 ans (58%); celle des actifs qui sont six sur dix à être opposés à ces deux mesures qui les concernent directement.

François Fillon prend le risque de s'attirer les foudres des classes laborieuses quand il déclare dans Le Point du 14 mars: «La seule solution est bien d'augmenter la durée d'activité en jouant à la fois sur une hausse de l'âge légal de départ à la retraite, qui doit progressivement atteindre 65 ans, et une augmentation de la durée de cotisation.»

Chacun se souvient que la réforme menée par son gouvernement il y a trois ans avait fait reculer de 60 à 62 ans l'âge de départ et qu'une première loi dite Fillon, de 2003, avait fixé à 42 annuités la durée de cotisations en 2020. Au global, il ressort que les Français, après deux réformes jouant tantôt sur la durée tantôt sur l'âge sont majoritairement opposés à la première (57%) comme à la seconde mesure (60%).

Alors que faire? La dégradation des comptes publics, après un déficit de 14,5 milliards d'euros des principaux régimes de retraites obligatoires en 2011, conjugué à la hausse du chômage et à une croissance atone, rend très probable l'arrivée d'une nouvelle réforme. «Les retraités vont-ils payer pour les autres?», s'interroge Le Point, inquiet pour une partie de son lectorat.

«Tour de vis sur le pouvoir d'achat des retraités», titre Les Echos après l'accord sur la désindexation des pensions du privé sur l'inflation pendant trois ans qui affectera près de 12 millions de retraites complémentaires.

«Les partenaires sociaux ont accepté une désindexation partielle, souligne Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, mais on ne peut pas toucher aux pensions de base sans baisser les petites retraites.» Selon l'Ifop, les deux tiers des Français sont opposés à une telle option.

«Les Français estiment qu'il va falloir bouger, poursuit Jérôme Fourquet, mais l'explosion du chômage, notamment des seniors, rendrait suicidaire de reculer encore davantage l'âge légal. Ou alors, on va précipiter dans un no man's land des gens trop vieux pour les entreprises et pas assez pour les caisses de retraite.»

Seule solution, pour lui: la hausse des cotisations payées tant par les employeurs que par les salariés qui rencontre autant de «favorables» (48%) que d'«opposés» (52%). Surtout, on compte 20 points de plus sur cet item par rapport à 2010 (28% de favorables).

Reste à savoir si l'opinion est moins réticente sur les cotisations car elle estime que la charge revient à l'employeur... Et si, cumulé avec la pression fiscale, la réduction des allocations familiales pour les ménages aisés et une éventuelle hausse du diesel, il y aura pas d'effet cumulatif... «Il faudra aussi s'entendre sur les montants», conclut le sondeur.

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