Lasagnes ou steaks hachés n'ont jamais autant fait parler d'eux depuis que le cheval a pris, temporairement, la place du bœuf. Il n'en n'aura pas fallu davantage pour que la machine s'emballe. Nous passerons sur la malbouffe, la main croissante d'investisseurs dans le domaine alimentaire ou encore sur une vulgarité occidentale à se plaindre d'un type de viande quand près d'un milliard d'êtres humains n'ont pas même de quoi se nourrir ou boire. Mais à côté de ces (vrais) sujets, est à souligner la «gamelle» de la semaine que fut l'intervention de 1 minute et 37 secondes de Monsieur Philippe Pauze sur You Tube.
Le président de la société Picard a réussi l'exploit d'agréger dans une séquence aussi courte l'ensemble des erreurs qu'une communication de crise peut compter. Absence totale d'empathie, raideur extrême, décorum réduit à son strict minimum, posture illisible, lecture régulière d'un prompteur… Quant à savoir à qui ledit président s'adresse, je laisse à l'internaute le soin de le deviner. Client, fournisseur, prospect, citoyen, collaborateur, autorités publiques ? Tous à la fois ? Là aussi, celui ou celle qui reçoit le message est dans le brouillard. Un sujet aussi sensible que l'alimentation requiert rapidité, mais aussi tempérance, (ré)assurance, ainsi que confiance en soi, vision, tout autant qu'une connaissance minutieuse du passé récent. La marque Picard bénéficiant, pourtant, d'un capital sympathie parmi les plus importants chez les consommateurs, s'est foulée le pied à un moment hautement stratégique.
Ce type de séquence révèle, si nécessaire, que vivre caché n'est plus possible aujourd'hui. Car quand ça craque, mieux vaut avoir quelques alliés de longue date disséminés ici ou là. Picard, qui fait si peu appel à des experts en communication saura peut être et désormais – oserions-nous l'espérer en tous cas – que savoir communiquer, c'est comme tout, ça s'apprend.