Il l'avait annoncé, il l'a fait. Le Premier ministre britannique David Cameron a promis, mercredi 23 janvier, d'organiser d'ici à 2017-2018 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE). Un coup de tonnerre en Europe au moment où la crise ne cesse de gonfler les rangs des Eurosceptiques. Mais surtout un coup politique, en interne d'abord, pour calmer son aile droite anti-européenne dans la perspective des législatives de 2015, mais aussi à l'adresse de Bruxelles en vue «d'un nouvel arrangement» pour des relations renégociées entre la Grande-Bretagne et l'UE.
Certes, l'organisation de ce référendum reste suspendue à la victoire des conservateurs dans deux ans. Si les Britanniques étaient consultés aujourd'hui, ils seraient 40% à voter en faveur d'une sortie de l'UE et 37% à choisir d'y rester, selon un sondage publié par le quotidien The Times vendredi 25 janvier. Le journal britannique se livre à une extrapolation à partir des 23% d'indécis pour estimer que 53% des Britanniques sont favorables à une sortie de l'UE, contre 47% qui veulent rester en son sein.
Des sondages Ifop et BVA contradictoires
Mais au fait, qu'en pensent les Français? Les sondages publiés dans la foulée de l'annonce de David Cameron laissent dubitatif. En effet, selon BVA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France daté du 27 janvier, 52% des Français seraient favorables au départ de la Grande-Bretagne de l'UE, contre 48% qui préféreraient que les Britanniques restent au sein de l'Union. Mais étonnamment, le même jour, Le Journal du Dimanche publiait une enquête Ifop assurant que 58% des Français souhaitent que le Royaume-Uni reste dans l'UE, contre 42% qui les verraient bien quitter le bateau. Un écart surprenant. «Pas tant que ça, estime Esteban Pradiel, chargé d'étude à l'Ifop, selon le type d'échantillon et en tenant compte de la marge d'erreur d'environ 3%, les deux sondages montrent que les Français sont très partagés sur le sujet [comme les Britanniques d'ailleurs], BVA enregistrant une plus grande proportion de “contre” et nous, une plus grande part de “pour".»
De fait, les deux instituts se retrouvent sur les grandes tendances sociologiques. Ainsi, d'après BVA, les hommes (61%) et les seniors (59%) sont pour la sortie de Londres de l'UE alors que les femmes (57%) et les jeunes (73%) sont majoritairement pour son maintien. Des clivages également soulignés par l'Ifop: 69% des femmes (contre 46% des hommes) et 75% des moins de 35 ans (contre 45 à 46% des plus de 50 ans) sont favorables au maintien. Les deux sondeurs diffèrent légèrement sur l'appartenance politique. En effet, pour BVA, les sympathisants de gauche sont 54% à voter pour une sortie des Britanniques contre 52% des sympathisants de droite qui est au contraire favorable à leur maintien dans l'UE. Du côté de l'Ifop, si «les électeurs des partis de gouvernement, de gauche [58%] comme de droite [56%], sont pour le maintien des Britanniques (...) les électeurs du Front national y sont à 59% opposés». Encore une question de marge d'erreur...
