Fin 2012, 70 millions d'abonnés à une ligne mobile étaient recensés dans l'Hexagone, soit un taux de pénétration de plus de 100% de la population française. Par ailleurs, le pays comptait un peu moins de 25 millions d'abonnés à un réseau haut ou très haut débit dans l'Internet fixe... Ces chiffres qui donnent le vertige modifient profondément, entre autres, le lien que le citoyen entretient avec l'information en lui donnant le sentiment de tout savoir tout de suite. Et ce, dans les mêmes proportions et au même rythme que la France d'en haut. La pyramide d'autorité tend donc à se tarir. Un homme politique, un dirigeant d'entreprise ou un people sont, en effet, substantiellement bousculés sur l'autel du "Je sais, je critique et je le fais savoir". Un flash-back en 2012, en ces premiers jours de 2013, permet d'entériner ledit constat. Revue de détails.
Le front politique occupa largement la sphère informationnelle dès le début du millésime 2012. En points d'orgue, deux exemples. La campagne et l'élection présidentielles, d'une part, celle de la présidence de l'UMP, d'autre part. Pour chacun de ces deux événements, les vainqueurs, intuitu personae ou collectivement, auront été ceux qui avaient le mieux entamé ou requis le virage du dialogue au contraire des vaincus qui, eux, imposaient un point de vue. Fut-il pertinent.
François Hollande n'a cessé de labourer le pays, de haut en bas, de droite à gauche et inversement. En expliquant, inlassablement, le contenu de son programme. Et il a gagné. Une erreur néanmoins dans ce chemin de conquête sans faute, la proposition la plus démagogique, de non-sens et finalement considérée inconstitutionnelle par les sages il y a quelques jours, fut imposée. Elle le fut d'ailleurs jusqu'au futur ministre du Budget, pris de court sur un plateau de télévision lorsqu'il fut interrogé sur cette mesure dont, manifestement, il ne connaissait rien.
Jean-François Copé, président de l'UMP en quart de teinte, finit, lui, l'année comme personnalité politique la plus décriée par les citoyens, toutes tendances confondues. Quelle bévue aurait-il pu bien commettre, y compris auprès de ses propres sympathisants, pour connaître une telle descente aux enfers? Celle de s'être accroché comme une bernique à son rocher à un poste qui, de toute évidence, méritait un troisième tour. Le vainqueur est l'adhérent de l'UMP qui obtint une nouvelle élection prévue en septembre prochain.
Restaurer le dialogue
Le front économique et social foudroyé par la crise systémique qui nous enserre ne fut pas, lui non plus, épargné. Les noms d'Arcelor Mittal, de PSA, de Panasonic, du Crédit immobilier de France, de Virgin et de tant d'autres résonnent, tous les jours, à coups d'annonces brutales de fermeture ou de plan social. A côté, Free, par exemple, ne connaît pas la crise. Non pas que l'écoute et l'empathie soient les seules composantes de cette success story française mais... un dirigeant qui a l'oreille collée sur le pouls de la société dans laquelle il évolue et qui lui propose des offres ad hoc: ce sont près de 3 millions de clients au bout de la chaîne, en quelques mois.
Le front people, enfin, n'est pas non plus épargné. D'un côté, la récente "affaire" de Gérard Depardieu qui vit se lever les pro et les anti dans un dialogue stérile, au sein même de la grande famille de la culture française pourtant si prompte à se protéger. De l'autre, des spectateurs par milliers qui se lèvent à 5 heures du matin, sous la pluie, pour voir des marins lâcher les amarres d'un ponton automnal. Les skippers du Vendée Globe qui font, en ce moment, le tour du monde en solitaire sont d'une humilité et d'une disponibilité rares, et ont tout compris du donnant-donnant. La clé.
Ainsi, 2013 sera sans doute une année charnière. Comme le relevait récemment le site Internet Delitsdopinion.com venu interroger le président de l'institut CSA, des catégories entières de population pourraient se regarder en chiens de faïence si elles ne sont pas accompagnées vers un dialogue accru. Parmi elles, les inclus aux flux économiques et celles ou ceux qui se sentent ou sont déjà en marge; les urbains et les périurbains; les cadres et les milieux populaires, etc.
Lesdites populations devront impérativement se parler et, surtout, se comprendre, pour, d'une part, ne pas voir se fissurer le lien social et, d'autre part, ne pas imposer un modèle aux autres mais l'élaborer collectivement dans un temps désormais court. L'une des conditions majeures d'un retour à la croissance. Seule synonyme de baisse des demandeurs d'emploi. Seul avenir possible.
La France regorge de talents, d'atouts et d'énergie. Il ne lui reste plus qu'à retrouver le chemin du dialogue pour qu'elle puisse, à nouveau, se parler à elle-même, à ses administrés et à celles ou ceux qui l'entourent. Des centaines de femmes et d'hommes dont le métier consiste à favoriser et déployer le dialogue entre parties prenantes y sont prêts et disposés. A bon entendeur. Belle et heureuse année...