Depuis quelques semaines, les thématiques de la compétitivité, avec le rapport Gallois, et de l'attractivité, avec l'affaire Mittal, sont sur toutes les lèvres. Tout est si interdépendant. La politique se mêle d'économie et l'industrie «impacte» davantage dans le social, source première d'emplois. D'un côté, le politique doit se garder d'opter pour des invectives à la Robespierre, mais peser davantage dans les sorties de crise, comme celle de Mittal. Effectivement, il y a des règles à respecter. De l'autre, le patron qui a toujours le nez dans le guidon, sous pression permanente des actionnaires, doit mieux prendre conscience de la dimension sociétale de sa gestion et garder suffisamment l'esprit libre et du temps pour les sujets sociétaux et politiques. Il est «jugé» aussi sur son patriotisme. D'autant plus qu'au creux de cette société transparente, ultracommunicative, ces dirigeants contemporains seront de plus en plus amenés à expliquer, détailler et à être impliqués dans la cité. Ils doivent davantage communiquer, et communiquer juste.
La communication n'est pas un tout, naturellement (anticipons les quolibets.) Mais, assurément, elle apporte un vrai moyen d'action. Aucune erreur n'est pardonnée. Dès lors, ces leaders doivent être «armés» au niveau de leur communication. En effet, nos entreprises ont une réputation et une image qui se répercutent instantanément à la Bourse et sur les commandes. L'image cristallise la confiance et fait bouger le thermomètre économique, elle est l'empreinte d'un dynamisme, utile à la compétitivité. Existe l'image «corporate» et l'image propre du dirigeant. Les deux sont liées. On a vu récemment comment un grand patron a été poussé vers la sortie, au regard de son caractère, son image en interne avait fini par pénaliser l'entreprise, malgré ses grandes et réelles compétences.
Je plaide pour ces nouvelles prises de conscience de l'importance de l'image, car je peste toujours de voir nos forces vives exploser en vol comme des bulles de savon. C'est d'autant plus vrai qu'aujourd'hui, la communication a changé de stature. Elle est devenue trois fois majeure. Primo, elle est pédagogue par essence et par sens. Secundo, elle a acquis une puissance inédite avec Internet. Tertio, nous avons assisté à la naissance d'une «opinion publique internationale», effet indirect de la mondialisation de la communication. L'information nationale n'existe plus, la communication nationale non plus.
Dans ce contexte, nous, les «spin doctor à la française», travaillons dans un axe de «responsabilité sociale». Qu'est-ce que cela veut dire? Nous pensons toujours aux emplois derrière les concepts et au lien inouï entre communication et commercial. Nous sommes en prise direct avec le réel, l'économie réelle. Ainsi, devons-nous décrypter le monde contemporain, capter les changements de société, analyser, comprendre. Et surtout, nous avons un devoir de «pédagogie» permanent. La pédagogie n'est pas la propagande. Le «spin-doctoring» non plus. La pédagogie crée ce «lien social». Elle doit être pétrie de vérité, d'authenticité, compte tenu de la transparence informative.
Pour définir la pédagogie, le «spin doctor» est un copartenaire, en pleine confiance, au cœur même de la stratégie, des «comex», réunions de crise et cellules de décisions. Notre confidentialité est comme une fidélité à nous même, elle est constante et automatique. Désormais, notre activité est devenue aussi indispensable que délicate. Elle appelle des professionnels reconnus et sérieux. Nous sommes quelques-uns à être dévoués, synchronisés à l'époque contemporaine, opérationnels en temps réel. Et le talent se mesure aussi au courage de dire la vérité d'une situation à un client. Ce n'est pas facile. Nous sommes dans le job quand on bouge les lignes. C'est pourquoi, nous nous devons d'être une courroie d'ouverture vers l'extérieur, nous ne sommes pas là pour isoler un dirigeant, tout au contraire.
In fine, le «spin doctoring» est un métier, un vrai métier à visée pédagogique, au service d'une entreprise, d'une cause, d'un pays. Aujourd'hui, la France espère, elle attend ce souffle. Mais la France veut qu'on lui explique. Même si elle est prête à tous les efforts, elle veut comprendre. La mondialisation, la compétitivité, le cap du pays, l'impact et l'interdépendance économique de l'élection présidentielle américaine ou du changement des dirigeants chinois, que de sujets vitaux à expliquer… Nous sommes en «guerre économique». Je crois en l'économie française. Au creux de cette mondialisation qui s'accélère, où la crise est installée et balaye les énergies, où les emplois sont toujours la question cruciale de toutes les gouvernances, je veux dire combien l'intelligence sans le courage ne sert à rien. Je veux redire combien, modestement, mais à sa vraie place, la communication politique, économique, sociale et financière, et sa force pédagogique sont aussi de formidables leviers d'énergie.