étude
68% sont contre la suppression des devoirs à la maison

Avant son cafouillage avec le Premier ministre au sujet du cannabis, le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon avait présenté le 11 octobre ses propositions de réforme de l'école, et notamment de l'école primaire, jugée «prioritaire» sur la feuille de route pour 2013. Au tableau: le passage de la semaine de 4 jours – aménagée sous l'ère Sarkozy –, à celle de 4 jours et demi, la suppression des devoirs à la maison dans le cadre de la refonte de «l'organisation du temps scolaire», une évolution de la notation des élèves et de la pratique du redoublement ou encore l'application du principe «un maître par classe».

 

Les Français ont été sondés à de nombreuses reprises sur ces questions qui touchent au quotidien de leurs enfants. Ainsi, la suppression des devoirs à la maison: «Les Français sont contre, quel que soit leur genre, catégorie sociale, niveau d'études...», tranche Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop. 68% sont en effet opposés à cette mesure, une part qui monte à 78% chez les CSP+ et est de 63% chez les CSP-, selon le sondage publié début octobre pour radio Alouette.

 

Les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont les plus sévères: 83% y sont opposés. «Il s'agit peut-être d'un bon souvenir de cette période du primaire, construit a posteriori, lorsque ces jeunes sont au lycée, passent le baccalauréat, trouvent cette phase difficile. Ou qu'ils sont en première année de fac, confrontés à l'échec, car beaucoup d'étudiants abandonnent la première année», analyse Frédéric Dabi.

 

Dans un sondage réalisé fin août pour le quotidien gratuit Metro, l'Ifop a pointé de même la réticence des Français devant la révision du système de notation sur vingt points. 80% d'entre eux rejettent cette idée, dont 77% des parents. Les résidents des campagnes sont opposés à 83% à l'abandon du barème traditionnel, ceux des villes de province à 77%, ceux de l'agglomération parisienne à 85%.

 

La sentence de l'opinion publique devrait être moins sévère concernant le retour à la semaine de quatre jours et demi, instaurée en 2008: fin mai, 67% des Français y étaient favorables, selon un sondage Ifop pour Ouest-France. Fin août, 72% d'entre eux souhaitaient le retour du cours du samedi ou mercredi matin, selon Harris Interactive pour le syndicat SNUIPP-FSU. La semaine de quatre jours avait beaucoup été critiquée: le ministre de l’Éducation nationale à l'origine de sa généralisation, Xavier Darcos, avait même déclaré en 2009 qu'il ne voyait «aucun inconvénient» à ce que les écoles primaires repassent à un rythme de 4,5 jours. Pourtant, dans le détail du sondage Ifop, surprise: les parents d'enfants scolarisés au primaire, peut-être les plus concernés, ne sont en fait que 45% à souhaiter cette réforme, et 55% à s'y opposer.

 

parole d'expert

 

Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop

 

«Un attachement au modèle français»

 

«Les parents veulent savoir ce que font leurs enfants. Les devoirs à la maison, le barème de note sur 20: ce sont des moyens pour eux de vérifier ce qu'ils font et de se rassurer sur leur niveau. Cette envie d'implication explique leur réticence face aux mesures annoncées. Il existe aussi un attachement au modèle éducatif français, comme au modèle social. Jamais les Français n'ont été favorables à la suppression du baccalauréat, alors que de nombreuses études ont été menées pour démontrer qu'il n'était pas efficace, qu'il fallait l'améliorer. Ces réformes n'ont jamais été soutenues par l'opinion publique.»

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