(...) Dans un discours récent prononcé au Lieu du Design, à Paris, Arnaud Montebourg a déclaré: "La création industrielle est une force économique considérable. C'est bien sûr un levier de croissance, un facteur de compétitivité (...). Mais c'est surtout la force poétique d'une économie qui se redresse. Car dans la politique comme dans l'économie, la poésie, l'imaginaire, c'est ce qui fait marcher les hommes. Un pays qui se redresse, c'est un pays qui en a envie. Vive le design, vive la région Ile-de-France, vive la République et vive la France!"
Au tournant du XXe siècle, Vilém Flusser écrivait: "Notre avenir sera avant tout affaire de design." Il soutient combien notre histoire s'est employée à commissurotomiser (quelle horreur!) les sciences et l'esthétique, comme on le dit d'un cerveau dont les connections entre les deux hémisphères ont été coupées.
Dans sa brève allocution, le ministre du Redressement productif ne dit pas autre chose. La mutation digitale, qui a dynamité les cloisons interdisciplinaires, accélère ces interférences vertueuses. Elle rend obsolète les silos étanches, le mode séquentiel et impose les équipes mixtes et les process collaboratifs chers aux designers. Il est temps qu'en France, le design - ce pont jeté entre l'industrie et la puissance créatrice - relie ces énergies, agrège tous les talents et contribue ainsi pleinement au redressement économique.
Cette prise de position ministérielle est suffisamment rare pour être saluée. Les mesures envisagées restent à préciser et la dynamique à poursuivre au-delà d'un quinquennat. Mais il est réconfortant d'entendre de la bouche de l'un de nos représentants un propos qui associe au design les vertus de performance et de valeur ajoutée immatérielle. De nombreuses entreprises en sont convaincues, de nombreuses marques activent ce levier si puissant et universel. Ce pont-là est ce qui constitue notre raison d'être, ce pourquoi nous entreprenons, et ce pourquoi nous nous levons (tôt) le matin avec autant d'enthousiasme.