Manuel Valls compte 68% de partisans à gauche et 42% de sympathisants à droite.

C'est le bon élève du gouvernement. Alors que le Premier ministre a été obligé de taper du poing sur la table pour rappeler à l'ordre Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici qui se sont écharpés sur la question de la Banque publique d'investissement, Manuel Valls a prévu d'afficher sa parfaite entente avec la garde des Sceaux, Christiane Taubira, à l'occasion d'un déplacement commun.

Il faut dire que le ministre de l'Intérieur, comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy il y a dix ans, n'est jamais en peine d'activisme. Dimanche, il était à Mulhouse pour déclarer que "l'ordre et la sécurité seraient rétablis partout en France". Le 14 août, il est allé soutenir les forces de police après une nuit d'émeutes à Amiens. Le 18 août, il était dans le Var où il s'expliquait sur les démantèlements de camps de roms. Le 6 septembre, il sera au centre du comité interministériel créé à l'occasion des violences à Marseille où l'on déplore 20 morts par balles depuis le début de l'année...

 

"Manuel Valls est une personnalité très virale, il arrive à générer beaucoup de bruit sur son action, comme l'avait fait avant lui Nicolas Sarkozy", observe Erwan Lestrohan, chef de groupe "Opinion institutionnel" chez LH2. Ce n'est pas leur seul point commun. Car, comme le montre un sondage réalisé par cet institut pour le Nouvel Observateur, les 12 et 13 juillet, ce socialiste "transgressif" est le ministre le plus apprécié à droite: il peut compter sur 42% d'opinions positives parmi les sympathisants de droite (et 68% à gauche), comme Nicolas Sarkozy avait réussi à séduire 32% des sympathisants de gauche fin 2002. C'est mieux que Jean-Marc Ayrault, qui bénéficiait encore en juillet de 39% d'opinions positives à droite.

 

Pas vraiment étonnant, quand on songe que Manuel Valls est le plus socio-démocrate des anciens candidats aux primaires, qu'il incarne la ligne sécuritaire du gouvernement et qu'il a remis en cause les 35 heures et le nom même du Parti socialiste. Au global, 53% des Français ont donc une opinion positive du ministre de l'Intérieur, mais seuls 9% sont enthousiastes (avec un avis "très positif"). Il faut noter que son statut d'ex-directeur de campagne de François Hollande lui valait en juillet un regain d'estime de la part des électeurs du Front de gauche (78%).

 

Comme Sarkozy, il y a dix ans, il obtient d'ailleurs des scores importants dans des populations potentiellement plus confrontées à l'insécurité et à l'immigration comme les ouvriers (55%). A-t-il donc intérêt à jouer sur la seule corde sécuritaire pour consolider son image dans l'opinion? "Cela le desservirait à gauche, estime Erwan Lestrohan, il a plutôt intérêt à teinter son action de social tout en maintenant sa ligne sécuritaire."

 

Si le ministre renforce son positionnement de premier flic de France en insistant sur la défense des policiers, il est aussi attendu sur la proximité avec les populations défavorisées les plus exposées à la violence. La création de 15 zones sensibles prioritaires va dans ce sens. De même, en associant aux démantèlements de camps l'annonce gouvernementale d'un élargissement de l'accès au travail pour les Roms, il peut afficher fermeté et volonté d'intégration. D'ailleurs, à la différence de Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ne s'est pas aliéné l'opinion sur les Roms... même si aucun sondage ne permet de l'assurer.

 

Erwan Lestrohan, chef de groupe Opinion-Institutionnel  à LH2

 

"Une capacité à faire bouger l'opinion"

 

Manuel Valls doit montrer que la gauche n'est pas laxiste, mais il doit aussi donner une couleur sociale à son action. D'où l'abolition de la circulaire Guéant sur les étudiants etrangers, le banissement du tutoiement et l'idée de récipissés en cas de contrôle d'identité. Comme Sarkozy, il a une capacité à faire bouger l'opinion et un côté un peu transgressif. Mais sa ligne sécuritaire a des limites: elle doit être en adéquation avec le projet social de François Hollande.

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