Qu’est-ce qu’une rentrée ? Un moment où on se remet dans le bain. C’est un nouveau départ, collectif et individuel. D’ailleurs, on devrait plutôt dire LES rentrées tant toutes ces reprises au même instant, école, travail, audiovisuel, sports… finissent par composer la nôtre, à chacun.
La rentrée 2021 n’est pas une rentrée comme les autres. Nous sentons tous qu’elle se fait dans un monde qui n’est plus le même qu’avant, avec ce sentiment parfaitement paradoxal que tout s’est accéléré et qu’il faudrait pourtant prendre le temps de choisir et de laisser reposer.
Dans ces rentrées, une information peut sembler anecdotique pour certains et vitale pour d’autres. Depuis des années désormais, dans les colonnes de Stratégies, je prends cet exercice de la chronique pour une occasion d’extraire un fait, un événement, pour raconter le moment. J’essaierai dans mes résolutions pour cette nouvelle année de respecter la limite imposée de 4000 signes… vous ne le savez pas mais c’est un casse-tête devenu un jeu avec la rédaction, qu’elle m’en excuse.
La nouvelle vient d’Asie, comme le coronavirus diraient les mauvaises langues, comme souvent la modernité diront les observateurs. Dans un décryptage du Figaro du 5 septembre dernier, on peut lire : « Chez Samsung, le numéro un mondial du marché, le design des nouvelles télécommandes est encore plus radical. Il intègre des touches Netflix, Amazon et Rakuten, mais le traditionnel clavier de numérotation, lui, a disparu. Pour accéder à TF1, France 2, Canal+ ou M6, le téléspectateur est prié de faire un détour par la touche “Menu” »…
Vous le sentez le coup de pied de l’âne ? C’est une conséquence logique de nos usages et de nos temps d’écrans. D’ailleurs, au même moment, dans cette nouvelle guerre froide entre le même Ouest et un autre Est, les Américains passent désormais plus de temps chaque semaine sur l’application chinoise TikTok que sur son alter ego vidéo, le champion mondial et local de l’étape, YouTube.
La course à la tech
Alors parions sur la relance. Mais… «wait!» Comme ils disent. À la fin de l’été, l’acteur qui décide des boutons de nos télécommandes et ainsi de nos accès à l’information, à la culture, et même aux matchs de Lionel Messi qui a rejoint Kylian Mbappé cet été sur Prime Video, Samsung donc, a annoncé son plan industriel pour les trois prochaines années. Le géant sud-coréen s’est engagé à dépenser 240 000 milliards de wons sur la période. Si comme moi, vous ne connaissez pas le cours du won et ne savez pas si vous devez être impressionné.e.s, c’est 175 milliards d’euros. C’est autant que tout le plan de relance de l’Italie et près du double du plan de relance français. Samsung a décidé d’investir massivement dans les biotechs, l’intelligence artificielle, la robotique et les semi-conducteurs. Nous aussi, mais avec bien moins d’argent, nous nous attaquerons en plus à moderniser nos industries dans les domaines de l’aéronautique, de la voiture électrique, de l’énergie, de l’espace… Il faudra donc une fois de plus compter sur le génie européen pour passer en classe supérieure jusqu’au rendez-vous fixé par le premier des chaebols à 2024.
La course est lancée, et pour la première fois, les priorités sont claires, le niveau digne de cette compétition. Les États, les entreprises ont décidé d’agir. On régule et ce n’est que le début. La riposte s’organise. Samsung mais aussi Disney, Nike, LVMH, L’Oréal ou Hermès ont compris comment prendre leur part de futur. Bref, les bons sujets sont sur la table et nous sommes au travail.
En termes de loisirs, une rentrée, c’est aussi celle des films, des salles de spectacles et des livres. Après un régime au pain sec, nous faisons bombance, on applaudit OSS 117, BAC Nord, Un triomphe ou La Loi de Téhéran en découvrant les futurs Goncourt, Renaudot et consorts.
Et pour la télécommande ? Vous me direz peut-être que ce sera plus facile pour TF1 et M6 fusionnées de négocier un seul bouton ? C’est la rentrée, on peut croire en ses bonnes résolutions. Celle-ci fait 4000 signes.