« On a la chance de faire rêver, d’emmener avec nous énormément de terriens qui, par l’intermédiaire des marins, vont vivre une aventure étonnante. La Terre se demande pourquoi on est là-bas et le marin, souvent aussi, se demande pourquoi il est là. » En quelques mots, Loïck Peyron résume le Vendée Globe. Le 8 novembre prochain, comme tous les quatre ans, ce tour du monde à la voile, en solitaire et en monocoque, principalement soutenu par le département de la Vendée (partenaire titre) et Sodebo (partenaire majeur), partira des Sables d’Olonne pour y revenir 70, 80 ou 90 jours plus tard selon les concurrents. Le chemin de 45 000 kilomètres est simple : descendre l’Atlantique les yeux vers le Sud, puis à gauche toute pour tourner autour de l’Antarctique en traversant les océans Indien puis Pacifique pour croiser, enfin, le cap Horn et remonter l’Atlantique les yeux cette fois rivés vers le Nord.
Aujourd’hui, l’appétit des marins et les progrès technologiques font du plus grand champ maritime l’un des principaux terrains de jeu de la course au large, cette discipline sportive réputée comme compliquée à comprendre de par, notamment, les différentes catégories de navires qui la constituent. Pour autant, ce sport de très haut niveau est de ceux qui sont à l’intersection des mouvements d’époque les plus prégnants et considérés parmi les plus vertueux : l’engagement, la sincérité, la propulsion sans énergie fossile, le respect ou encore une certaine forme de raison dans les investissements consentis. Sur quatre ans, le budget d’un projet de bateau à même de remporter le Vendée Globe équivaut à 25% du budget d’une seule année de l’équipe Ineos de cyclisme, par exemple.
Des navigateurs engagés
Du côté des sportifs, outre les favoris que sont Jérémie Beyou (Charal), Charlie Dalin (Apivia Groupe Macif), Thomas Ruyant (LinkedOut) ou encore Alex Thomson (Hugo Boss) qui, eux, joueront principalement la performance, 29 autres marins partiront sur la même ligne, avec à leurs bords une flopée d’histoires. Parmi eux, six femmes dont Samantha Davies et Clarisse Crémer. La première porte les couleurs d’Initiatives-Cœur, qui sensibilise aux actions de l'ONG Mécénat Chirurgie cardiaque. La seconde partira sous les couleurs de Banque Populaire, habituée des victoires, mais qui là s’engage aux côtés d’un espoir de la voile dont l’objectif principal sera d’abord de finir la course pour promouvoir les valeurs de transmission et d’entrepreneuriat. Autre projet sur la ligne de départ, celui du groupe Apicil avec Damien Seguin, le premier skipper handisport engagé sur l’épreuve, ou encore celui de Time For Oceans de Stéphane Le Diraison, qui promeut la protection des océans, soutenu par Suez, Bouygues Construction et la ville de Boulogne-Billancourt. Si l’adage « un marin, un bateau, la planète » est vrai, celui d’« un marin, un bateau, une histoire » l’est tout autant.
Car comment se singulariser à une époque où les citoyens sont en prise avec des hallebardes de messages quotidiens et des récits qui pullulent ? La voile est unique dans la combinaison gagnante, mêlant sport de très haut niveau, respect de l’environnement et émotion. Aucune discipline sportive n’offre un tel trépied en dehors des sports extrêmes de pleine nature mais à la visibilité média plus réduite.
Quand le récit prend une telle place dans les stratégies de communication des marques et la transition environnementale une telle épaisseur, les organisations, des TPE aux grandes entreprises, devraient regarder vers la course au large. La variété des supports et des investissements offrent, de surcroît, autant d’alternatives selon ses objectifs ou l’ambition poursuivie, des petits monocoques de 6,50 mètres aux Ultim, ces multicoques de 32 mètres prêts à partir voler autour du monde.