Après les records de canicule, les incendies de forêts, d’Amazonie, d’Afrique, de Sibérie, qui parmi nous se rappelle que consommer vient de « consummer : détruire, anéantir » ? Consommer, c’est brûler.
Alors, en cette rentrée, comment reprendre le collier, fixer ses objectifs business, mobiliser les équipes dans cette effarante réalité ? Nous sommes très nombreux à avoir débattu avec nos enfants, nos familles et amis, pendant les vacances, sur cette actualité qui nous livre désormais l’expérience in situ de la crise climatique.
Alors que nous trainions autour d’une dernière bouteille de rosé, réagissant aux images de notre planète en feu, échangeant sur la crise climatique, l’impact des écrans, le choix d’être végétarien, de renoncer à l’avion, des petites et grandes initiatives, j’ai vu les larmes déborder des yeux de mon fils adolescent.
Nul n’est prophète en son pays. Alors que je sais combien le partage sur le dérèglement climatique est un exercice périlleux, certaines phrases, ou certains silences, l’avaient fauché en plein cœur. Qu’avions nous dit de trop ou de trop peu ? Que savait-il lui, profondément, secrètement, qui débordait dans son regard embué ? Un élève de seconde en stage d’observation à l’agence, un copain de mon fils, m’avait déjà cueilli de cette même émotion panique. Alors que je me livrais à un rapide entretien pour son rapport de stage, je sentis une hésitation, une distance, une question en suspens. Alors que je l’invitai à cracher sa Valda, il lâcha dans un sanglot mal étouffé : « Gildas, vous croyez que c’est foutu ? » Que dire ? que répondre ? Bien sûr que non mon grand, ce n’est pas foutu. On va s’en sortir. C’est ténu, complexe, urgent mais possible et réaliste. Surtout si tu te poses la question, si tes potes se posent la question, comme de très nombreux adultes se la posent aujourd’hui. Notre drôle d’espèce humaine est bourrée de mauvais penchants mais aussi capable du meilleur, surtout quand elle doit sauver sa peau.
Responsable = répondre
« Nos enfants nous accuseront » Nous en sommes donc là. Le titre prémonitoire du film de Jean-Paul Jaud, sorti il y a plus de dix ans, est notre actualité de parents et de citoyens. Répondre. Il nous faut leur répondre avec nos mots, nos convictions et nos actions. Car ces enfants-là, comme tous les enfants d’ailleurs, ont des antennes plus puissantes que les nôtres pour débusquer les demi-réponses, les faux semblants et notre insincérité. Je sais, je radote mais communication responsable vient du latin « respondere » : répondre. Nous devons collectivement être en mesure de répondre à nos enfants, à nos collaborateurs, aux consommateurs et aux citoyens qui interpellent nos organisations, nos marques et nos intentions.
Nombreuses entreprises ou marques, parfois de très belles et de très sincères, font aujourd’hui le constat amer d’un désamour radical. Elles doivent se réinventer, accélérer leur transformation, abandonner des activités profitables mais trop coûteuses pour l’environnement, y substituer des offres bénéfiques à notre avenir commun et à leur réputation. Elles ont pour cela terriblement besoin de conseil et d’accompagnement.
Dans l’inquiétude et la défiance légitime qui ne va cesser de croître dans l’opinion, prolifèrent fausses informations et très mauvaises solutions. Les réseaux sociaux voient prospérer des experts fumeux, des sentencieux, des opportunistes toujours prêts à vendre des réponses toutes faites, des contre-vérités, voire des appels au lynchage de tel ou tel. C’est dans cette foire-là, dans cet écheveau d’informations contradictoires que nous devons rentrer faire notre métier : donner du sens, hiérarchiser l’information, expliquer les enjeux, les impacts et les progrès en cours. Répondre inlassablement avec pédagogie et honnêteté. Ça va être chaud. Y a du boulot ! On n’a pas fini de transpirer.