Chronique

« On ne cesse pas de jouer parce que l’on vieillit, on vieillit parce que l’on cesse de jouer. » George Bernard Shaw

 

Rire, plaisanter, jouer. Dans bien des entreprises, ces comportements ont gardé l’étiquette de « divertissement gratuit ». Pour beaucoup, ça reste l’apanage d’esprits oisifs traînant la patte à la machine à café, nuisibles à la productivité de l’entreprise ou à leur crédibilité professionnelle. On peut difficilement plus se tromper. Lenore Terr a démontré que les « joueurs » arrivaient mieux à se concentrer et étaient plus productifs que les autres ! Car le plaisir rend facile ce qui est difficile autrement. Le principe paraît simple, mais tellement évident quand on y regarde de plus près.

Le Jeu, une affaire à prendre au sérieux. Les professionnels de la petite enfance et de l’éducation le savent depuis toujours, on apprend mieux en jouant ! Certaines écoles, comme Vittra Telefonplan en Suède, sont allées très loin en bannissant tout ce qui se réfère à une salle de classe ordinaire, privilégiant les salles de jeux et les activités favorisant les interactions, supprimant ainsi l’unité de temps et de lieu dans l’école. Leurs méthodes d’apprentissage visent à développer la curiosité intellectuelle, la confiance en soi et le comportement collectivement responsable des élèves. Les connaissances et les compétences « scolaires » sont ainsi au rendez-vous sans avoir à instaurer les principes de compétition et de classification chers à nos institutions occidentales.

Ce qui est valable pour les écoles l’est tout autant pour les entreprises. Le design des espaces a une influence phénoménale sur nos comportements. On se sent autorisé à faire ce qui est suggéré par le lieu. Quand le cadre nous donne une liberté de mouvement, notre esprit suit et impulse un nouveau savoir-être en entreprise, plus entrepreneurial, plus responsable.

Viens jouer avec moi. Les start-up, avec leurs locaux colorés, leurs baby-foot et Fatboy, nous font parfois sourire. Mais si l’on va au-delà de ces emblèmes un peu éculés et que l’on réfléchit aux usages, on verra les choses autrement.

Corporate gaming

Sans aller dans l’extrême qui érige fun et cool en norme, l’entreprise, en nous autorisant à redevenir joueur, nous autorise à changer de mode, à lâcher prise pour éviter la monotonie et une forme de mécanisation de la pensée qui nous guette tous à un moment donné dans notre parcours professionnel.

Même dans les entreprises dont le cœur de métier n’est pas la création, le jeu rentre sur la pointe des pieds… Car designer des learning experiences permet à une connaissance d’être réellement appropriée et appliquée. En effet, une connaissance reliée à une expérience est retenue à 70% contre 10% dans un mécanisme top-down classique ! Vive les sessions de « learning » Escape Game taillées sur mesure pour provoquer une prise de conscience sur l’importance de collaborer au-delà des silos, écouter, observer et faire ensemble. Le « corporate gaming » est même devenu un mode de recrutement dans certaines sociétés de conseil, un mode de formation métier comme EHPAD Panic pour les aides-soignants, ou de training sur une PlayStation pour améliorer l’expérience client dans la chaine d’hôtels Hilton Garden Inn.

Comme dit Huber Jaoui : « Si on prend l’existence trop au sérieux, on se prive du pouvoir de la modifier ! »

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