Le succès de son entrée en Bourse au premier trimestre n’y a rien changé. De nombreuses interrogations subsistent à propos de Snapchat. Incompris par les uns ou adulé par les autres, personne n’y est réellement indifférent et surtout pas les annonceurs, qui convoitent sa précieuse audience. Instagram l’a bien compris et c’est lancé dans une course effrénée pour copier ses fonctionnalités les plus populaires. Hors de question pour le réseau de Facebook de laisser s’échapper ce rival. D’autant plus que celui-ci a fait l’affront de refuser, quatre ans auparavant, l’offre d’achat qu’avait formulé son génial fondateur Mark Zuckerberg à Evan Spiegel, fondateur de Snapchat.
Darwinisme digital
S’il y a bien un consensus, c’est sur le nombre des utilisateurs. Il n’impressionne personne. Avec 166 millions d’utilisateurs actifs, le réseau est douze fois plus petit que Facebook, quatre fois plus petit qu'Instagram et même deux fois plus petit que Twitter. Au regard de l’audience de ses concurrents, celle de Snapchat reste donc faible. Malgré cela, l’élargissement de sa base d’utilisateurs ne semble pas être une priorité absolue pour le réseau.
L’interface de l’application est laissée volontairement complexe. Gestuelle inédite, explications inexistantes ou encore fonctionnalités propriétaires, on a ainsi coutume de dire que si vous ne savez pas utiliser l’application, c’est que vous êtes déjà trop vieux pour le faire. Un darwinisme digital assumé qui assure au réseau une audience constituée très majoritairement de millennials.
Addicts à la «camera company»
La récente acquisition du français Zenly est une illustration flagrante de cet axe stratégique. Spécialiste de la géolocalisation, Zenly permet à ses utilisateurs de se localiser en temps réel et cela avec une précision d’un mètre. Très pratique pour se retrouver lors d'un festival ou d'une manifestation sportive, cet usage n’en est pas moins un renoncement évident à toute notion de vie privée. Source de préoccupation pour les «plus vieux», cela ne semble pas du tout inquiéter les millennials pourvu qu’ils aient le service en face. Le montant de l’acquisition (estimé entre 250 et 350 millions de dollars) et son intégration quasi-immédiate dans l’application valide l’importance qu’attribue Snapchat à cette nouvelle fonctionnalité et en dit long sur sa stratégie de recrutement d’utilisateurs.
Peu nombreux, les utilisateurs de Snapchat sont cependant totalement addicts à l’application. Ils y passent en moyenne 30 minutes par jour et l’utilisent en moyenne 18 fois quotidiennement. Les occasions d’usage ne manquent pas. Que cela soit pour tchatter avec leurs amis, partager des photos enrichis de stickers ou filtres, publier ou consulter des stories ou sauvegarder des contenus dans leurs memories, Snapchat est une véritable application d’entertainment. Il se définit d’ailleurs lui-même comme une «camera company» et se donne pour mission de stimuler la créativité de ses utilisateurs.
Des lunettes et des drones
Pour ce faire, en complément de ses fonctionnalités et formats, Snapchat leur propose de nouveaux outils de captation et de production de contenus. L’éditeur a ainsi lancé, en début d’année, des lunettes capables de prendre des snaps, baptisées les Spectacles. Uniquement utilisables avec Snapchat, elles facilitent la prise de vue photo et vidéo live. Au design soigné, elles font de vous quelqu’un de branché, au look connecté. A l’exact opposé des feu Google Glass qui vous identifiaient alors aux yeux du monde comme un geek bizarre… Sans surprise, les Spectacles se sont vendues comme des petits pains. Plus de 100 000 unités à date et la commercialisation en France ne fait que commencer.
Fort de ce succès, le réseau a acquis en début d’année une entreprise spécialisée dans les drones. De là à penser que l’année prochaine, Snapchat proposera un objet volant capable de faire du contenu live de vous et de le diffuser dans le réseau, il n’y qu’un pas. Un pas que sauraient franchir les millennials!