Le paradoxe Emmanuel Macron ou la stratégie du récit. Il est devenu, en deux ans, une pop star. Et ce type d’ascension fulgurante va devenir la norme. Emmanuel Macron est-il donc déjà président? Non, pour deux raisons. D’une part, le pays l’intéresse-t-il davantage que lui-même? L’Express du 9 mars, Paris Match des 14 avril et 11 août ou la séquence sidérante de ces derniers jours incitent à se poser la question. D’autre part, si Emmanuel Macron représente, pour une partie des Français, l’objet d’une transgression attendue, il est aussi sur le fil. Celui de plaire à celles et ceux qui sont nés à gauche, pour solidifier son socle. Celui également de ne jamais laisser penser que ses saillies médiatiques voulues bienveillantes et sincères ne sont que les sempiternels numéros de claquettes au nom d’une ambition… égotique. Celui, enfin, qui consiste à ne plus constater, mais proposer.
Le (vrai-faux) retour de Nicolas Sarkozy ou la stratégie perpétuelle de l’omniprésence. Depuis son retour en grâce gouvernementale en 2002, la stratégie ne change pas. Etre partout, tout le temps et tenter de dicter l’agenda. Ce fut exceptionnellement efficace de 2002 à 2007, puis moins jusqu’à la défaite de 2012. Conservant un talent inouï pour discerner et restituer les peurs et passions des Français, l’exercice de l’omniprésence induit deux risques majeurs: la lassitude et l’absence d’une seconde chance. Indubitablement conscient de cela, l’ancien président écume jusqu’aux supermarchés pour ses dédicaces.
La menace Marine Le Pen ou la stratégie de la rareté. La présidente du FN ne parle pas, ou peu, depuis plusieurs mois. La candidate frontiste a quand même cédé aux sirènes d’un média de masse américain récemment (CNN). Stratège dans son calendrier et tactique dans sa mise en œuvre, Marine Le Pen était dangereuse quand elle surfait sur les anxiétés françaises. Elle devient une menace à partir du moment où elle n’a même plus à s’exprimer pour maintenir, voir s’accroître les intentions de vote. Si depuis le 7 janvier 2015, l’actualité lui bénéficie, sa stratégie de communication révèle, aussi, que le silence au milieu du bruit peut, encore, être synonyme de création de valeur.
La résilience d'Alain Juppé ou la stratégie de la vérité. Celui qui fut notamment conseiller national du RPR en 1979 saura-t-il convaincre les français que son heure est venue? Outre être le candidat porté par une importante partie des médias depuis vingt mois, Alain Juppé a choisi le mode de la vérité pour soutenir sa candidature. A commencer par se laisser aller jusqu’à verser une larme, sur France 2, quand il apprit, le 2 octobre 2014, que 61% des Français considéraient qu’il ferait un bon président. Jusqu’à aujourd’hui, à droite, le scénario semble lui donner raison, à en juger les intentions de vote à la primaire des Républicains, qui est dans deux mois et demi. Autant dire… une éternité.
All in François Hollande ou la stratégie du pari, de l’autorité, du rassemblement et des porte-flingues. L’actuel locataire de l’Elysée ne dit rien, mais disperse et ventile. Ou le fait faire. Arnaud Montebourg lui intime de ne pas se représenter, François Hollande distille que la candidature de son ancien ministre est trop tardive. Vieux avant l’heure. Emmanuel Macron démissionne, le président ironise ou partage une trahison méthodique que le palais dément. Mais les mots sont lâchés. Avec un indice de satisfaction oscillant entre 10 et 16% d’opinions favorables, la posture du président de la République n’est pas simple. Est-elle perdante? Tout dépendra des événements, d’une part, et du ton, de l’agenda, de la hauteur, de la vision et de la bienveillance d’autre part. En somme, fendre l’armure d’un costume rigide qu’induit la fonction présidentielle.
La communication fera-t-elle l’élection comme elle y contribue largement aux Etats-Unis ou au Canada? Tout dépendra du comportement des candidats, des médias et de l’électeur français. Tous les trois peu prompts aux changements d’us et coutumes, en général. Réponses les 23 avril et 7 mai prochains.
Les préparatifs au grand bal de 2017 ont commencé: les candidats s’affûtent, rompent, tuent le père, vocifèrent, trustent les plateaux, serrent les mains… Sauront-ils s'appuyer sur un mode de dialogue moderne avec les électeurs dans leur quête du Graal? Décryptage.