S’il y a une spécialisation après le bac qui demande du courage, c’est la voie artistique. De la fac aux écoles de graphisme, des écoles publiques aux formations privées, les débouchés sont incertains. La grande majorité des écoles forment des puristes, des individus qui plongent dans l’immense histoire de l’art afin de mieux trouver la leur. Des Arts décoratifs aux Beaux Arts, à aucun moment l’entrepreneuriat n’est abordé. A aucun moment on ne leur apprend à démarcher un client, à faire une facture.
Alors, comment font-ils à la sortie de ces études? Ils tentent d’intégrer des collectifs, galeries, musées ou le monde du spectacle. Ces structures regorgent de petites mains à disposition, dans l’espoir d’apprendre ou de gagner leur vie. Ils font tout sauf développer leur art. Les combatifs deviennent apprentis auprès d’autres artistes, quelques chanceux ou dociles entrent en agence de communication, les indépendants tentent d’être free-lance. Une possibilité n’est pas envisagée: la start-up. Et pourtant, artiste ou entrepreneur numérique, les points communs sont multiples.
Le grand saut. Faire le choix à 18 ans devenir artiste, c’est exactement comme faire le choix d’entreprendre. L’action est la même: suivre sa passion - dépasser l’insécurité que suscite cette décision, désirer fortement développer et partager sa vision du monde, avec l’intime conviction qu’elle apportera quelque chose aux autres.
Le faire. L’artiste apprend à orienter la technique au service de son intention. L’apprentissage des différents savoir-faire n’est qu’une étape pour arriver à l’essentiel: la production d’une oeuvre personnelle qui provoque une émotion accessible aux autres. Il faut donc aimer la matière, les différentes façons de produire, refaire encore des aller-retours entre l’intention et le résultat.
Le sens. L’artiste donne du sens à son art, sens qui motivera son travail. Il l’utilise comme un vecteur pour exprimer une vision. Le sens est ce à quoi on revient toujours. C’est lui qui le détournera des mauvaises collaborations, l’obligera à faire des choix et l’engagera dans une quête d’authenticité. Les grands entrepreneurs le savent: leur force, c’est cet alignement entre leurs actions et le «pourquoi». Ils puisent dans leur propre histoire, ont un regard curieux sur le monde et ne se fatiguent jamais de réinventer leur innovation.
Le rêve. L’ambition est tirée d’un savant mélange entre narcissisme et humilité, entre le rapport de soi avec les autres et la remise en question systématique. Il faut être capable de rêver sans limite, tout en confrontant son rêve au monde, et mieux le réaliser à nouveau.
Des étudiants qui sortent d’écoles d’art, on en voit débarquer à TheFamily et on les aime. Ils ont toutes ces qualités. Négocier, vendre, créer un site web, ça s’apprend bien plus facilement que savoir façonner la matière, du pixel, du bois, de la peinture, de la vidéo. Ces artistes, riches de leur différence, ont tout à apporter au numérique. Et vous ne le saviez pas encore: les fondateurs d'Airbnb, Instagram, Kickstarter sont diplômés d'écoles d'art ou de design.