La défenseure de droits, RSF, les syndicats de journalistes, Amnesty International, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu… Nombreuses sont les voix qui se sont dressées contre l’article 24 de la proposition de loi relative à la « sécurité globale ». Sur le papier, l’obligation faite aux reporters indépendants et aux vidéastes de ne pas porter atteinte à « l’intégrité physique et psychique » des policiers paraît louable. Il s’agit d’empêcher de filmer de façon malveillante des représentants de l’ordre en les rendant identifiables dans le but de faire pression sur eux sur les réseaux sociaux. Mais, dans les faits, cet article est porteur de multiples dérives potentielles. Les policiers pourront interpeller toute personne en train de les filmer dans l’exercice de leur mission en avançant qu’elle cherche à leur nuire. Lors des manifestations, beaucoup se rendent déjà méconnaissables en portant une cagoule ou en dissimulant leur numéro de matricule ou référentiel d’identité(RIO). Sera-t-il possible de continuer à filmer une intervention de police en s’engageant à flouter les visages ? Le ministre de l’intérieur parle déjà d’« interdire » de diffuser l’image de policiers ou de gendarmes sur les réseaux sociaux. Le journalisme et la démocratie ont tout à y perdre.