Un journal qui meurt, c’est souvent un peu de sa jeunesse qui s’en va. Lycéenne puis étudiante dans les années 1990, je m'abîmais dans les pages de Glamour, magazine féminin pointu dont les séries de mode audacieuses me ravissaient. Tout comme Vingt Ans, merveille de mauvais esprit, trash et intello à la fois, néo-féministe avant le néo-féminisme. Ou encore Smash Hits, bimensuel britannique culte consacré à la culture pop, qui malmenait aussi bien Kylie Minogue que Margaret Thatcher, et dans lequel j’ai davantage appris l’anglais que dans les manuels scolaires. Les deux derniers ont déserté les kiosques depuis bien longtemps déjà. Glamour, lui, vient de faire son baroud d’honneur, passé de mensuel à une improbable périodicité bimestrielle en forme de chant du cygne. Tristesse. Pourtant, on le sait, dans la presse, sans doute encore plus que partout ailleurs, rien n’est éternel : Le Matin de Paris, L’Événement du Jeudi, Actuel… Hormis les « press junkies » dont je fais partie, qui écrase encore une larme en déplorant la mort de ces titres ? Le destin de Livres Hebdo, bible des éditeurs en péril, qui cherche à fédérer autour de sa pétition, laisse songeur, voire amer. Au champ d’honneur de la presse, les disparus ne sont pas longtemps pleurés.