Rien ne va plus à Libération où, depuis la semaine dernière, «la vie est une AG permanente», où le dialogue social tourne à l'affrontement sur la place publique, où un actionnaire de premier plan insulte les salariés, où la rédaction s'est «emparée» du journal. Les masques sont en train de tomber. Étrange et triste spectacle.

 

Libération va-t-il mourir à quarante ans? Naguère journal vigoureux, inventif et influent – époque Serge July et Jean Riboud –, il semble avoir vieilli avec ses lecteurs, chaque jour hélas moins nombreux. En 2013, sa diffusion payée en France fut en moyenne de 101 616 exemplaires, ce qui situe ce «quotidien national» entre Le Républicain lorrain et Le Courrier de l'Ouest.

 

Le paysage a changé. Libération peine à (re)trouver sa place: gauche «de gauche» ou social-libéralisme bobo? En outre, les jeunes générations ont acquis d'autres réflexes que ceux de leurs aînés: Libération est en train de manquer ce rendez-vous. Enfin, il n'est pas certain que les choix récents en termes de management aient été les plus justes.

 

L'entreprise est en grave difficulté financière. Si la «marque» est forte, le «produit», malgré des réussites comme le cahier «Eco-Futur» et l'édition du samedi, a un problème de cible, de positionnement, de distribution et de prix… «Nous sommes un journal», a titré Libération samedi 8 février en réponse au projet de ses actionnaires d'en faire «un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias». «Nous sommes au XXIe siècle», a réagi une fausse une sur les réseaux sociaux.

 

Où va Libération? Pour Bruno Ledoux, coactionnaire, «l'enjeu, c'est la mort». Oui, les journaux sont mortels. C'est difficile à entendre, mais c'est pourtant la réalité. Faut-il rappeler le sort de France Soir ou du Matin de Paris? Pourtant, on se prend à l'espérer avec La Tribune, les journaux peuvent aussi renaître.

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