Le 23 mars 2012, cet éditorial était titré «Maison commune?». Trois ans plus tard, on peut supprimer le point d’interrogation: Audipresse et l’OJD, les deux sociétés qui mesurent l’audience et la diffusion de la presse en France, vont fusionner. Ses dirigeants, Pierre Conte et Stéphane Bodier, ont publié les bans au cours de l’Observatoire de la presse, le 9 avril. On peut même, en vérité, ponctuer l'expression d'un point d’exclamation: maison commune! Oui, car l’événement est d’importance. Symboliquement, mais pas seulement. «Cette fusion est l’une des conditions de reconquête du secteur de la presse sur le marché publicitaire», résume Pierre Conte. Dans la bouche d'un homme qui a une double expérience de dirigeant d'agence médias et de régie publicitaire, les mots sont choisis. La presse a souffert, la presse souffre, sa mue est lente et douloureuse mais la presse n’est pas morte. Ce numéro «bilan presse», accompagné du poster annuel des «chiffres clés de la presse», rend compte de cela.
Les usages changent mais le service rendu par les journaux et les magazines demeure. Informer, divertir, intéresser, avec des temporalités et sur des supports divers. A ces bouleversements font écho, ces dernières années, de nouveaux arbitrages médias, parfois avec une certaine fébrilité, voire dans la précipitation, dont la presse n’est actuellement pas le bénéficiaire. Condition nécessaire, la fusion d'Audipresse et de l'OJD ne sera pas suffisante. Les éditeurs et leurs régies doivent poursuivre leur transformation dans un marché très concurrentiel sans se départir de l'esprit collectif et de responsabilité qui prévaut aujourd'hui. La récente annonce de la création d'un Collectif des éditeurs de presse et des agences médias, pour travailler à «construire l'avenir des hyper-marques de la presse en France», est une autre nouvelle à souligner.
