Cela fait plus de 10 ans que je vis en Chine. Et je suis toujours autant fasciné par la vitesse à laquelle se développe le pays… et comment la société et les modes de vie se sont métamorphosés. S’il est un endroit adepte des leapfrogs, ces fameux sauts technologiques, c’est bien la Chine. Hier usine du monde pour produire nos iPhone, aujourd’hui l’un des plus vastes « réservoirs » de consommateurs et premier marché d’Apple pour l’iPhone. La prochaine étape ? Passer du made in China pour entrer dans l’ère du design in China. Le prochain iPhone ou son remplaçant seront-t-ils chinois ? Déjà, des concurrents très sérieux sont sur les rangs tels que Xiaomi, ZTE, Huawei ou encore Oppo. Alors que ces derniers, avec les premières générations de sociétés Internet du pays (notamment les BAT –Baidu, Alibaba et Tencent) s’attachent à étendre leur influence à l’international, une nouvelle génération de start-up, pourtant nées en Chine, se voient d’emblée globales. Leur ambition ? Changer le monde. Leur marché n’a pas de frontières. Leur point commun : une croissance phénoménale ! Trois sociétés, fers de lance de cette nouvelle vague, nourrissent une ambition qui n’a rien à envier aux entrepreneurs de la Silicon Valley.
• NIO, la société qui souhaite inventer « l’après Tesla »
NIO est sans aucun doute l’une des sociétés les plus intéressantes du moment dans le secteur de l'automobile. Bien que 100% chinoise, son fondateur William Li s’attache toujours à présenter sa société comme une « start-up globale ». Avec un centre de design basé en Allemagne, des data scientists en Californie et un siège à Shanghai, le constructeur de voitures électriques et connectées ne se voit pas comme une start-up locale. La jeune société a l’ambition de réinventer l’expérience automobile pour les consommateurs du monde entier. En moins de trois ans, NIO a développé la voiture électrique (la EP9) la plus rapide au monde. Elle a déjà battu plus de cinq records mondiaux, notamment sur le circuit de Nürburgring Nordschleife en Allemagne. NIO s’est également distinguée à l’international comme l’une des meilleures équipes de Formule E (l'équivalent de la Formule 1 pour les voitures électriques). Et son nouveau modèle grand public (le E8) se positionne clairement comme le concurrent direct de la Tesla Model X et pour la moitié de son prix…
• Mobike, la start-up qui révolutionne la mobilité urbaine
Mobike, co-fondée par Davis Wang, ancien dirigeant de Uber en Chine, a fêté ses 2 ans le 22 avril dernier et déjà, sa croissance fulgurante lui a non seulement permis de se hisser comme l’un des deux leaders de vélos en libre-service en Chine mais également d’ouvrir dans 60 villes et 15 pays en dehors du pays. Les citadins de Singapour, Manchester, Florence, Milan ou encore Washington utilisent ainsi les mêmes services de mobilité urbaine que 45 millions de Chinois chaque jour. Depuis sa création, Mobike a mis sur le marché plus de 8 millions de vélos en partage et disponibles sur la même application mobile dans le monde.
• DJI, le premier producteur mondial de drones de loisir
Da-Jiang Innovations, plus connu sous le nom de DJI, a également un parcours singulier. Née en 2006 à Shenzhen (près de Hong Kong) d’un projet étudiant, la société détient aujourd’hui 50% du marché mondial. Nombreux sont les clients et heureux possesseurs de Phantom 3 et Phantom 4 (les modèles les plus vendus de DJI) qui vivent en Europe ou encore aux US, à ignorer complètement l’origine chinoise du fabricant. DJI a effectivement très tôt adopté les codes des plus grandes marques mondiales telles que GoPro ou Apple, à travers ses campagnes de communication et ses spots TV. Le DJI Global Citizenship, programme humanitaire et de développement responsable mis en place par la marque, intervient par exemple aussi bien au Népal, qu’en Afrique, que sur les côtes de Californie.
Si de tels exemples sont encore ultra-minoritaires dans l’écosystème d’innovation chinois (une majorité d’entrepreneurs ne parle pas ou pas bien l’anglais), on peut tout de même constater une accélération rapide de cette tendance. On considère que 12 000 nouvelles start-up se créent chaque jour en Chine. Les 150 millions de voyageurs chinois visitant chaque année des pays étrangers et le développement des marques internationales en Chine ne sont sans doute pas étrangers à ce phénomène.