Et si la semaine de 4 jours était l'une des solutions à expérimenter pour réinventer le modèle des agences ? Ce rythme permettrait de concilier efficacité, autonomie des équipes et bien-être.
Elles sont encore rares, bien que bruyantes, ces entreprises à avoir franchi le pas de la semaine de 4 jours en France. Et si les protocoles divergent à peu près autant que les points de vue sur le sujet, il semblerait que les retours d’expérience, eux, s’accordent positivement. Pour autant, dans le secteur des agences de communication, l’on semble étrangement bien indifférent à cette petite révolution naissante. Et pour cause : le défi semble particulièrement épineux, en ce qu’il nous impose de faire face à quelques poncifs qui nous ont longtemps – trop longtemps – paru devoir nous définir. Des poncifs qu’il nous faut désormais vivement contredire et combattre, pour la survie de notre modèle dans un monde où le rapport au travail a, de manière paradoxale, fait du temps libre une variable d’attractivité et d’engagement majeure.
1/ Une agence n’est pas corvéable à merci : redonnons de la valeur à notre temps de travail
Dans une époque où, disons-le, les budgets s’amenuisent et où la compétition est rude, tant les propositions de valeur évoluent et les talents engagés se raréfient, l’on peut naturellement avoir tendance à positionner le client en priorité absolue, à céder à l’ensemble de ses fantaisies, et à encaisser collectivement des pressions malvenues, à toute heure. Or, mettre en place une semaine de 4 jours dans les équipes, c’est réduire en apparence la fenêtre de disponibilité des consultants. C’est ne plus forcément pouvoir répondre immédiatement aux (supposées) urgences d’un vendredi soir. C’est imposer SON rythme au client, SES contraintes, SES échéances. C’est lui demander de faire un pas vers nous pour s’accorder à NOS méthodes de travail. C’est lui faire enfin comprendre que le métier de la communication, s’il est effectivement passionnant, n’est pas une tâche récréative qui se pilote après toutes les autres, le soir tard ou le week-end. C’est redonner de la valeur à notre conseil, qui se délivre, comme les autres, aux heures de bureau.
2/ Toutes les réunions ne sont pas utiles (ni gratuites) : redonnons de la valeur à nos conseils
Qu’il s’agisse de répartir la durée initiale de travail en 4 jours, ou bien de la réduire, la réalité demeure quasiment la même : il y aura bien un jour par semaine durant lequel les consultants ne produiront rien et ne conseilleront rien. Alors même si l’amplitude horaire augmente sur les quatre autres journées, l’efficacité organisationnelle demeure la clé, et chaque mission doit désormais bénéficier de sa juste place, de sa juste mobilisation et de sa juste temporalité. Et le bénéfice est double : éviter aux clients de se faire esbroufer par des hordes de consultants durant d’interminables réunions, en même temps qu’éviter aux agences d’accepter un surinvestissement en conseil par défaut d’organisation de ses clients. Elles n’en auront plus le luxe.
3/ Aucun communicant n’est indispensable 24 heures/24, ni irremplaçable : redonnons de la valeur à nos talents !
Allez, oust les consultants et directeurs de clientèles omniprésents et omnipotents, qui par excès de zèle ou besoin ultime de reconnaissance (pour leur défense, un mal dont nous souffrons tous en agence), oublient de déléguer et bloquent les progressions de leurs équipes. Au moins, durant une journée par semaine, ses équipes devront s’autonomiser, prendre des décisions, grandir, évoluer. Par ailleurs, si l’on devait s’en tenir strictement à la dimension RH de cette organisation, alors à n’en pas douter, la semaine de quatre jours figure un atout marque employeur indéniable dans un contexte où la pénurie de talents, le manque d’attractivité des agences ou bien encore les évolutions du rythme de travail appelées de leurs vœux par plus de 7 Français sur 10, contrarient aujourd’hui grandement le recrutement et la croissance des agences.
In fine, il s’agit de changer collectivement de paradigme autour du concept de ce qu’est une « bonne » agence, une agence « qui marche ». Le regard de nos clients doit changer, celui de nos équipes, mais également le nôtre, dirigeantes et dirigeants, que l’on entend trop souvent encore s’accrocher aux illusions du passé. Une « bonne agence » aujourd’hui, et les aspirations légitimes de la Gen Z nous le rappellent chaque jour, n’est pas une agence de charrettes, qui nous impose d’être connectés à toute heure du jour ou de la nuit et nous donne l’impression d’être important par le nombre des sollicitations auxquelles on est apte à répondre. Une « bonne agence » aujourd’hui, c’est celle qui redonne un juste sens et une juste place à toutes nos missions ; c’est celle au sein de laquelle les équipes sont épanouies et moins fatiguées ; c’est celle où l’on sait déléguer, former, autonomiser ; c’est celle où l’on sait inspirer et faire confiance !