Politique

Dans un rapport remis fin mars, une commission d’enquête sénatoriale ouvre quelques pistes pour atténuer la concentration des médias. Sans trancher sur les remèdes.

« Écoutez, voilà, ce rapport est là… ». Comme mise en avant d’un travail parlementaire, on a sans doute vu mieux. Mais ce 31 mars, le sénateur socialiste David Assouline sait que le rapport consensuel dont il est le rapporteur est le fruit de compromis, condition sine qua non pour sa publication. « Le politique est tributaire des médias pour sa parole publique, pour sa propre influence, et toucher à des choses sensibles n’est pas toujours tentant », souligne-t-il. Si elles n’appellent pas à la révolution contre la concentration, les 32 propositions du rapport ouvrent néanmoins des pistes. Et comme dit Laurent Lafon, le président de la commission d’enquête sur la concentration des médias, il reste, après 48 auditions plénières, « un travail de fond sur cette question importante et complexe ».

Une protection de l’information

Outre des garanties en faveur des journalistes et de l’autonomie des rédactions (administrateur indépendant, renforcement des comités d’éthique ou des sociétés de journalistes…), le rapport propose une « une part minimale d’investissement consacrée à l’information sur les antennes ». Une mesure qui, si elle était adoptée, pourrait être comparée à l'obligation d'investir dans la création audiovisuelle. Si David Assouline n’a pas obtenu une qualification de CNews en chaîne d’opinion, cette proposition vise les chaînes qui misent davantage sur le plateau que sur l’enquête et le reportage. Ou comme dit Laurent Lafon, à « produire à moindre coût avec la perspective de faire du débat et du clash pour avoir des rentrées publicitaires ». De même, concernant les aides à la presse, le rapport propose d’intégrer des bonus en fonction du nombre de journalistes et du respect de l’indépendance éditoriale. En revanche, la nomination du directeur de la rédaction après aval majoritaire de la rédaction n’a pas été retenue. Ni le blocage du rachat d’un média en cas d’opposition des journalistes.

Un financement ad hoc de l’audiovisuel public

Le rapport se prononce pour « assurer une ressource fiscale autonome et pérenne pour le financement de l’audiovisuel public », ce qui va à l’encontre de la volonté de supprimer la redevance annoncée par le candidat Macron. « C'était quelque chose qui faisait consensus et qui devient presque original », a ironisé David Assouline.

Des mesures a minima contre la concentration

Si le rapport n’appelle pas à revoir les seuils anti-concentration, faute de consensus, il reconnaît la nécessité d’une régulation. Mais la commission n’entend pas trancher entre l’idée d’une nécessaire concentration face aux grandes plateformes et la prise en compte d’un poids croissant de certains acteurs comme Bolloré sur la chaîne de valeur (presse, TV, radio, édition, publicité). De même, il est estimé que la fusion TF1-M6 représenterait 75% de la publicité télévisée mais 23% du marché en incluant Google et Facebook. « Il faut vérifier que la diversité n’est pas écrasée, que les rédactions de TF1 et M6 gardent leur autonomie, que ça ne réduise pas la capacité journalistique », souligne David Assouline. Le rapport mentionne aussi des travaux universitaires tendant à prendre en compte la « part d’attention » en intégrant le numérique.

Lire aussi : Le Sénat sort un consensuel sur la concentration des médias

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