À la télévision, le local fait recette. En reportage, en documentaire, en magazine et surtout en concours, les émissions qui valorisent les terroirs ont trouvé leur place dans les grilles de TF1, M6 et France Télévisions. Tour d’horizon.
Il n’y a pas que les productions cinématographies – Bienvenue chez les Ch’tis, Les Randonneurs et autres Permis de construire – et les séries, en tête desquelles Alex Hugo ou Meurtre à…, qui valorisent directement ou indirectement une destination. Les territoires et les terroirs de France sont depuis des années une source d’inspiration pour de nombreuses émissions qui sont autant de générateurs d’audience et de monétisation pour les chaînes de télévision.
Au cœur du programme
L’histoire commence en 1962 avec Intervilles, créée et animée par Guy Lux, diffusée pendant près de cinquante ans (et qui fera son retour à l’été 2025 sur France 2). Elle se poursuit avec la diffusion du tour de France cycliste, Midi Première ou Les Jeux de 20 heures. Mais c’est vers la fin des années 90 que ce qui n’était que la toile de fond de l’événement devient un élément central du décor, voire un acteur de la pièce. Les longues heures de retransmission de la Grande Boucle sont l’occasion de raconter les paysages, monuments et villages traversés. Dans la décennie naît aussi le premier grand divertissement inspiré par les terroirs : La Carte aux trésors, sur France 3. À ce jeu-là, comme sur le Tour, tout le monde gagne : les participants, bien sûr, les communes qui profitent de longues minutes de visibilité sur des médias de masse, et ces derniers qui ont découvert dans ces programmes de puissants capteurs d’audience, mais pas seulement.
« Pour France 3, qui se positionne comme LA chaîne de la proximité, comme pour France Télévisions, ces programmes contribuent à tisser et à renforcer le lien avec le public, rappelle Alexandra Redde-Amiel, directrice des divertissements et des jeux de France Télévisions. Les audiences sont importantes car ces émissions sont très attendues. Plus qu’un programme, nous préférons d’ailleurs parler d’événement. »
Le vaisseau amiral du groupe est Le Village préféré des Français, animé par Stéphane Bern et diffusé sur France 3. Depuis 2012, l’émission a valorisé près de 200 villages de France (métropole et outre-mer) et elle rassemble en moyenne 2,2 millions de téléspectateurs pour 13 % de part d’audience (PDA). Un succès grandissant qui a incité la chaîne à décliner le concept en 2014 avec Le Monument préféré de Français, qui réunit 1,6 million de téléspectateurs pour 9 % de PDA. « Ces deux rendez-vous, très attendus de nos téléspectateurs, placent ainsi France 3 dans le top audiences. Le Village préféré des Français est régulièrement leader », partage Alexandra Redde-Amiel. Ajoutés à l’offre de programmes développée en région via ICI en France (lire l’encadré), ces deux rendez-vous font de France Télévisions le poids lourd des émissions valorisant les territoires.
D’autres approches du côté du privé
Face au groupe public, les chaînes privées ont adopté la stratégie du pas de côté. Passé une tentative en 2014 avec La Plus Belle Région de France, M6 a fait le choix de se concentrer sur son champ d’expertise, la gastronomie, pour développer et décliner sur ses chaînes une série de programmes mettant en avant une cuisine, des chefs… et leur terroir : Le Combat des régions et La meilleure cuisine régionale, c’est chez moi !, animées par Norbert Tarayre, Ma recette est la meilleure de France, avec Cyril Lignac aux manettes, Le Tour de France de « Très très bon », présentée par François-Régis Gaudry sur Paris Première, etc.
L’idée du concours se retrouve aussi chez TF1, mais avec une approche très différente, influencée par le succès d’audience du journal de 13 heures depuis plus de trente ans. Avec ses 4,4 millions de téléspectateurs et ses 43 % de PDA en moyenne, le rendez-vous concentre les attentions et les contenus sur les régions et les terroirs. Depuis sa création en 2018, c’est donc le JT qui organise, en association avec la PQR, le concours Votre plus beau marché, qui reste à ce jour la seule initiative de la chaîne.
Quel que soit le programme, la mécanique reste la même : sillonner la France pour y dénicher et mettre en compétition des monuments, des paysages ou des talents pour défendre leur culture, leur cuisine et leur terroir. Avec l’espoir pour les chaînes d’attirer, de fidéliser mais aussi de fédérer les audiences régionales autour d’une passion commune : la France des terroirs. Et pour les collectivités locales d’attirer les touristes, voire les candidats à l’installation ! Alexandra Redde-Amiel le confirme : « Chaque année, les maires nous font part d’un effet Village préféré des Français, avec un fort impact sur la fréquentation de la ville, de ses monuments, et sur le taux de remplissage des hébergements, notamment. »
3 questions à Philippe Martinetti, délégué des antennes et des programmes Offre régionale de France Télévisions
Quel rôle joue la rédaction régionale dans la production de contenus valorisant les terroirs ?
Nous jouons la complémentarité. Nous avons une grande autonomie en matière de production de programmes, avec une offre de 250 documentaires par an. Une première case documentaire, La France en beau, met en avant le patrimoine et l’histoire des territoires. La seconde case, La France en vrai, a une dimension plus sociale et sociétale. Parallèlement, chaque région produit des émissions mettant en avant son patrimoine, à l’image de Chroniques d’en haut, produit par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le seul magazine consacré à la montagne. Elles peuvent être diffusées en local et en national.
Qu’attendez-vous de ces programmes ?
Nous cherchons à événementialiser l’antenne avec des programmes fédérateurs et familiaux. C’est la raison pour laquelle nous essayons aussi de lancer des formats innovants à l’image des Héros du gazon. Celui-ci met en scène un entraîneur de football qui débarque dans le club le moins performant du championnat local pour le coacher. Le programme est aussi diffusé en local et en national.
Sur quels critères décidez-vous de l’échelle de diffusion ?
Dès lors que le sujet dépasse le cadre de la région, nous envisageons la diffusion nationale. C’est le cas du Meilleur de la frite produit par France 3 Hauts-de-France, de La Conspiration du silence sur les grands faits divers (France 3 Franche-Comté) ou de Mediterraneo (France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur). À chaque fois que nous avons fait le pari de diffuser un programme de proximité, les audiences ont suivi.