Au terme de trois jours de tempête médiatique, le groupe marseillais a dû renoncer à son partenariat avec le Paris Saint-Germain.
Tout commence le 2 septembre. Les écoliers font leur rentrée, la France retient son souffle dans l’attente d’un Premier ministre. À Marseille, Pernod Ricard, géant mondial des spiritueux, 240 marques, 11,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, transmet un communiqué à la presse de son secteur. Rédigé en anglais, il annonce la signature d’un accord avec le Paris Saint-Germain, grand rival de l’Olympique de Marseille. « Ce nouveau partenariat mondial, le premier du genre pour Pernod Ricard, portera sur l’ensemble du portefeuille de marques premium du groupe. L’accord, d’une durée de quatre ans, débutera lors de la saison 2024-2025 et couvrira l’ensemble des équipes professionnelles du PSG : le football masculin et féminin en tant que partenaire officiel, et le handball en tant que fournisseur officiel », explique-t-il, rappelant que « depuis plus de dix ans, Pernod Ricard est le fournisseur officiel de vins et spiritueux du programme d’hospitalité du PSG ».
Des réactions en chaîne
L’information ne rencontre d’abord qu’un faible écho, mais le club parisien publie le communiqué, accompagné d’une photo prise au Parc des Princes. Philippe Guettat, patron des marques de Pernod Ricard, et Nicola Ibbetson, directrice des partenariats du PSG, posent tout sourire en tenant un maillot du PSG floqué « Pernod Ricard 2028 ». Très vite, les réseaux sociaux s’emparent de la nouvelle. Le soir même, le quotidien local La Provence recense les premières réactions publiées sur X. « Dites-nous @Pernod_Ricard, est-ce que le nouveau dress code au Club Pernod Ricard du Vieux Port sera désormais un maillot du club qatari ? » interroge OhaiMe-Passion.com, 15 000 abonnés. Des supporters de l’OM relaient le hashtag #BoycottPernodRicard, l’un d’eux notant que « finalement le rhum à l’apéro, c’est bien aussi ». Lorraine Ricard, la cousine d’Alexandre Ricard, le PDG du groupe, se fend d’un post assassin sur LinkedIn : « Quand le business trahit ses racines, il abîme son histoire et prend des risques sur son futur. » Benoît Payan, le maire de la ville, annonce vouloir rencontrer la direction du groupe.
Dans la tempête, Pernod Ricard tente de s’expliquer. Il ne s’agit pas de sponsoriser le maillot du PSG, l’accord ne porte que sur l’international, et uniquement pour ses whiskies et ses champagnes. « On a vite été conscients que ce message n’avait pas la même portée que celui circulant sur les réseaux sociaux. Cela ne servait à rien de s’entêter, au risque de continuer à détériorer le lien que nous avons avec Marseille », indique un porte-parole du groupe. Le 5 septembre, Pernod Ricard annonce dans un communiqué renoncer à son partenariat. « J’ai pris cette décision pour le groupe et en entendant ceux qui en font le succès, dont nos collaborateurs en France, nos clients et nos actionnaires, au premier rang desquels ma famille », y explique Alexandre Ricard. Pour Thomas Marko, de l’agence du même nom, cette « erreur d’appréciation » aurait pu être évitée. « Un tel groupe doit être en mesure d’analyser si un projet comme celui-là est de nature à nuire à ses intérêts sur le plan local et s’il peut sacrifier cette dimension au profit de sa seule ambition financière », fait remarquer le communicant.
