La «clarification» promise par le président Emmanuel Macron après la dissolution surprise de l’Assemblée a accouché d’un hémicycle fragmenté en trois blocs, plongeant le pays dans la plus grande «confusion», selon la presse.
« "La clarification" qu’il appelait de ses vœux précipite la France, et sans doute pour longtemps, dans la plus grande confusion », relève Alexis Brézet dans Le Figaro. Même constat pour Nicolas Charbonneau dans Le Parisien : « Emmanuel Macron avait promis une clarification, il faudra patienter ! La situation est plus nébuleuse et confuse encore à l’issue de ces élections législatives […] Perplexes devant des résultats dont ils comprennent qu’ils rendent l’Assemblée ingouvernable, les Français ont bien du mal à voir vers quoi on se dirige », poursuit-il.
Le 9 juin, « le coup de tête du Président, touché par le résultat des européennes, entraîne le pays dans une période d’instabilité. Aucun parti ne domine. Personne ne pourra appliquer son programme. Qui pour gouverner ce gloubi-boulga ? », s’interroge Aurélien Viers dans La Provence. Dans Midi Libre, Olivier Biscaye insiste : « On voit mal comment la grande coalition, certes contre-nature à bien des égards, pourrait se construire ». Pour lui, « la tentative de clarification du président de la République ouvre essentiellement la voie à l’instabilité chronique et aux incertitudes ».
Plus que jamais, le « flou persiste sur les alliances à venir et le futur Premier ministre », souligne la Voix du Nord, qui titre à la Une « La gauche devant : et maintenant ? ».
« Sursaut républicain »
Alors qu’un épais brouillard s’installe sur la France au lendemain des législatives anticipées, de nombreux éditorialistes se félicitent, à l’instar d’Olivier Biscaye dans le Midi Libre, de « la gifle infligée au Rassemblement national arrivé troisième et qui ne gouvernera pas le pays ».
« Merci qui ? Merci le front républicain ! », s’exclame ainsi Paul Quinio dans Libération. « Décidé très rapidement par la gauche le 30 juin au soir, le gros des troupes de la majorité présidentielle embrayant dans son sillage, le front républicain que l’on disait moribond aura donc permis l’essentiel : barrer la route du pouvoir à l’extrême droite », souligne-t-il.
« Le Rassemblement national ne doit pas accéder au pouvoir. C’est le message transmis par une forte majorité de Français lors du second tour des élections législatives », renchérit Jean-Christophe Ploquin dans La Croix. « Le sursaut républicain témoigne d’une France généreuse, qui ne cède pas à l’appel de la peur. C’est avec elle et par elle que l’avenir doit être construit », estime-t-il.
« L’espoir renaît », titre à la Une le quotidien L’Humanité. Mais l’Assemblée désormais recomposée, « l’heure de la reconstruction a sonné », écrit Éric Chol dans L’Express. « Il y a urgence, avant le rendez-vous présidentiel de 2027 ».
« De ce chaos pourrait naître une nouvelle manière de faire fonctionner la démocratie. Guillaume Apollinaire écrivait : "Perdre, mais perdre vraiment, peut laisser la place à la trouvaille" », veut croire Aurélien Viers, dans La Provence.