Le groupe Canal+ a obtenu l’assentiment des administrateurs de Multichoice pour le rachat des actions de la plateforme en Afrique et monte sa participation dans Viu en Asie.

Le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, l’avait signalé au cours d’un débat du Syndicat national de la publicité télévisée (SNPTV), le 5 avril dernier : « Tout le travail entrepris a été de se libérer des dépendances, et nous ne sommes plus dépendants du marché français, qui est même un des plus mauvais marchés pour Canal », lâchait-il. Sur 26,4 millions d’abonnés, 10,6 millions proviennent du territoire national, soit 40 %, mais les 500 millions d’euros de profit du groupe incombent aux 60 % restants, à savoir l’international, même si Canal+ France est déclaré « proche de l’équilibre ».

Avec Viaplay, surnommé le « Netflix scandinave », c’est toute l’Europe du Nord qui est déjà tombée dans les filets de la filiale de Vivendi. Mais si le groupe est devenu un groupe international, c’est d’abord grâce à ses 8 millions d’abonnés en Afrique. D’ici à quelques mois, grâce à son OPA sur le bouquet sud-africain Multichoice (23,5 millions d’abonnés), dont le groupe détient déjà 42 % des parts, Canal+ verra le nombre de ses abonnés sur le continent passer le cap des 30 millions. Il pourra y ajouter bientôt les 13 millions d’abonnés payants de Viu puisqu’il a déjà grignoté 36,8 % de cette plateforme présente en Asie du Sud-Est, à la fois dans le payant et le gratuit, où il dispose d’une option d’achat pour atteindre 51 %.

Ces différentes étapes restent encore soumises aux autorités de la concurrence. Mais elles laissent espérer à Canal de devenir un acteur de taille mondiale, capable de résister aux grandes plateformes (Netflix, Disney+…). « On vise 50 à 100 millions d’abonnés avant la fin de la décennie », a déclaré Maxime Saada le 5 avril. Il table sur 60 millions début 2027. Investissant 3,5 milliards d’euros dans les contenus, son groupe pourra ajouter le budget de programmes de Multichoice (1,2 milliard d’euros) et multiplier les coproductions, à l’instar de Spinners, une série conçue pour le continent et en quête d’audience mondiale. « D’ici douze à dix-huit mois, nos investissements dans les contenus pourraient ainsi atteindre 5 milliards d’euros », a confié Maxime Saada au Figaro le 6 mai.

Recherche de succès mondiaux

Canal+ se développe aussi dans la production, via Studio Canal, en vendant ses séries comme La Fièvre à 50 pays, et en s’adaptant à des goûts transnationaux. « Canal+ va produire des séries américaines et anglo-saxonnes », annonçait le patron au SNPTV, tout en rappelant, parallèlement, l’importance des contenus bon marché et hyperlocaux en Afrique dans une dizaine de langues vernaculaires. Ce sont donc bien des succès mondiaux que recherche le groupe, y compris en s’appuyant sur des actifs de Vivendi comme Hachette Livre, via Studio Canal Stories, pour la production d’Astérix en live action.

L’objectif reste d’introduire en Bourse Canal+ en 2025, avec Dailymotion et l’opérateur télécoms GVA, filiale de Vivendi spécialisée dans la fourniture d’accès internet très haut débit en Afrique. Miser sur l’hybridité entre payant et gratuit, en produisant des films et des séries pour le monde ou en mixant l’accès aux images et le métier de FAI : telles sont les armes du nouveau Canal. Sachant que Maxime Saada en est convaincu : la maturité du marché n’est pas un obstacle, au contraire. « C’est beaucoup plus facile d’aller chercher des parts de marché sur un marché qui a crû », disait-il le 5 avril.

Lire aussi :