Jérôme Béglé, directeur général de la rédaction de Paris Match, revient sur les grandes actualités de la semaine.

Paris Match à l’aube d’une nouvelle vie, avec LVMH, pour ses 75 ans.

On regarde vers 2025-2030 : à quoi ressemblera la presse? Jusqu'où faire évoluer le modèle et comment cette alchimie un peu unique au monde qu'est Paris Match, alliant grands reportages et people, sujets étrangers et français, légers et graves, se modernise et se perpétue ? Life, le modèle, a disparu, mais si on reste fidèle à l'ADN du journal, à savoir démocratiser l'information et permettre par la photo et par le récit de comprendre l'évolution du monde, on doit pouvoir rester une marque référente. Match a toujours accordé le primat à l’image, or cela correspond au temps de la télé et des réseaux sociaux. Notre lectorat est assez senior mais fidèle. Nous devons réfléchir à la façon d'attirer des personnes actives. Nous vendons en kiosques 100 000 ex. et nous avons une nouvelle appli avec un espace dédié à la photo et à la vidéo.

TikTok, que Biden veut interdire aux États-Unis, et son application TikTok Lite que Bruxelles oblige à modifier.

La régulation des réseaux sociaux est la question majeure des mois et des années à venir. On ne peut pas les laisser publier n'importe quoi sans que ces plateformes ne soient pénalement responsables de leurs contenus. En outre, il est du devoir de l'Amérique et de l'Europe d'encadrer les usages de réseaux sociaux contrôlés par des États qui sont au mieux des démocratures et au pire des ennemis de l'Occident. Que des fonctionnaires ou le grand public en Europe ne puissent utiliser TikTok sans savoir ce qu'il s'y cache me paraît tout à fait raisonnable.

Le discours pour l’Europe d’Emmanuel Macron à la Sorbonne.

Deux heures ! C'est certainement le discours le plus intéressant de ces derniers mois, mais je le trouve dans la forme, par sa durée et venant après un match de foot pour le Variété Club de France, mal placé. On a plus parlé du penalty de Macron que de ses mises en gardes sur la fragilité de l'Europe, sur ce qu'elle engage aujourd'hui et pourrait engager demain, et sur la nécessité de se doter d'une Europe de la Défense. Sur le fond, je n'ai rien à redire à ce discours, j'ai été séduit par la hauteur de vue du chef de l'État, mais il a été mal mis en valeur dans un agenda trop tourné vers la com…

La campagne en vue des élections européennes.

Elle est pour l'instant dominée par la figure prééminente de Jordan Bardella, qui ne prend même plus la peine d'honorer de sa présence les débats. Sa frimousse et ce qu'on croit être le programme européen du RN suffit à en faire l'ultra-favori des sondages. Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. J'attends de voir ce que sera le vote final des Français. De son côté, la France insoumise est à la peine quand elle n'a pas l'ensemble de la gauche derrière elle. Elle n'est plus la grande force de gauche puisque Raphaël Glucksmann est crédité de 12 ou 13% d'intentions de vote, ce qui redonne au parti socialiste ou social démocrate le primat qui fut le sien dans le passé. Quant à la liste de Valérie Hayer, elle souffre d'être la représentante de la majorité au milieu du mandat de Macron. Certes la tête de liste ne fait pas des étincelles, mais elle est l’objet d’une adhésion ou d’un rejet binaire : pour ou contre Macron.

L'état des finances publiques avec un déficit de la France à 5,5% du PIB.

La fuite en avant de l'endettement français est extrêmement préoccupant. Qu'on tire la sonnette d'alarme me semble salutaire. Je suis inquiet de la façon dont la France dépense toujours plus, notamment en matière sociale. On semble incapable de ramener la courbe à un niveau plus acceptable. Pendant le covid, on a quasiment nationalisé les salaires. Des sommes qui paraissaient inenvisageables pour les budgets publics sont devenues admissibles. On a refusé 500 millions d'euros à des infirmières en 2019, mais on a balancé des milliards à des catégories de fonctionnaires deux ans plus tard. Quand on est sorti de la pandémie, chacun semblait penser que la valeur de l'argent avait changé. Et bien non, et c'est parce qu'on a dépensé à tout va qu'il faut aujourd'hui se serrer doublement la ceinture. 

Lire aussi :