Jacques Trentesaux, cofondateur de Mediacités, revient sur les grandes actualités de la semaine.
L’ouverture mouvementée du salon de l’Agriculture.
J’étais en vacances, loin de l’actualité, et lorsqu’on prend de la distance, on perçoit les choses différemment. Tout repose sur le storytelling. On en a fait beaucoup sur les huées, la présence du président, celle de Jordan Bardella, de Gabriel Attal. Ce n’est plus le défilé des vaches, mais des hommes politiques ! Tout est un écran de fumée : derrière se joue médiatiquement le match Macron/Bardella, en prévision des élections européennes. L’autre point, c’est ce fameux grand débat, que le président a organisé, mais au sein duquel il parle tout seul, comme un homme omniscient et omnipotent. Cela entaille le crédit de la parole politique, qui ne cesse de perdre sa force. Macron intensifie ce phénomène. Il décrédibilise le débat. Il ne souhaite pas changer de point de vue, trouver de compromis, mais imposer ses idées. Déjà il y a cinq ans, il avait lancé un grand débat après les Gilets jaunes, avec les cahiers de doléances, où les Français étaient appelés à s’exprimer. À Mediacités, nous nous sommes plongés dedans à la suite du documentaire d’Hélène Desplanques. Tout a été numérisé et archivé, mais le président n’en a jamais rien fait. C’était déjà un coup de canif dans l’idée de débat.
La nouvelle formule de Sud Ouest après un plan de réduction d’effectifs à La Provence. Ou l’opération survie de la PQR…
Les nouvelles formules qui sortent sont logiques. Tout journal doit faire des nouvelles formules régulièrement. Les dernières réduisent la pagination, du fait des coûts du papier. Mais ces liftings ne changent pas le problème de fond, et ces médias se diversifient : événements, spectacles, courses à voile, à pied, ou via l’audiovisuel, pour faire de la marge. Comme Sud Ouest, qui s’achète l’entreprise locale Écrans du Monde, pour faire de la vidéo. Mais le modèle de la PQR devient de plus en plus complexe.
Deux ans de guerre en Ukraine et la question de l’envoi de troupes.
Tout le système médiatique est conçu pour tenir en haleine, soutenir l’attention du public afin qu’il estime participer à un grand événement. Après un tsunami médiatique, nous avons une mise en retrait, puis plus rien. Après avoir envoyé de nombreux reporters en 2022, on assiste à la banalisation de la guerre. Mais le problème reste entier. L’Ukraine n’a plus de combattants, de munitions. On commence à parler d’envoyer des troupes. C’est là où il faut être lucide : des entités ont intérêt à ce que la guerre dure, notamment le complexe militaro-industriel constitué d’entreprises et d’États. Personne n’enverra de bataillons, mais l’Ukraine serait un bon champ d’opérations pour tester de nouvelles technologies, nouvelles stratégies, et se positionner sur le plan international.
Les coupes massives dans le budget du gouvernement.
Annoncées par Bruno Le Maire au journal de 20 heures, c’est encore du storytelling pour un ministre de l’Économie à la longévité exceptionnelle. Il passe pour le gardien des comptes et renforce son image. Mais sur le fond, c’est scandaleux. Tout part d’une analyse surestimée du taux de croissance, alors que tout le monde les avait prévenus. Cela donne une politique à la godille, où l’on navigue à vue, avec des coupes qui remettent en cause des annonces récentes et cela met en difficulté des structures qui ont besoin de vision à long terme et d’une pluriannualisation de leurs budgets.
Gérald Darmanin en couverture de Paris Match.
Cela reflète que le ministre de l’Intérieur est un « jeune vieux » de la politique. À 41 ans, il utilise les codes du vieux monde. Nous le suivons de près, dans le Nord, et c’est un distributeur de médailles auprès des élus locaux pour se faire des affidés, car il vise la métropole lilloise après les JO. Paris Match est un passage obligé pour adoucir son image afin de conquérir l’opinion. C’est un ministre si discret sur sa vie privée. Il a dû obtenir des assurances en béton de la part de la rédaction.