De Delphine Ernotte à Rodolphe Saadé, en passant par Maxime Saada et Rima Abdul-Malak, focus sur six personnalités qui vont particulièrement peser cette année dans le secteur des médias.

Delphine Ernotte dans le marathon des JO

Diffuseur officiel, l’été prochain, des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, France Télévisions rêve déjà de médailles, de records et d’exploits. Sa présidente Delphine Ernotte aussi, avec pour mission d’embarquer le groupe dans un colossal projet d’entreprise : rendre le sport accessible à tous, et gratuitement. France 2 et France 3, en complémentarité, diffuseront l’événement 24 heures sur 24 – hors JT et programmes religieux – tandis que France.tv constituera aussi un canal de diffusion central. Outre le lancement de l’émission Aux Jeux, citoyens ! sur France 3, un an avant les Jeux, le groupe a aussi, en mars, à J-500, lancé trois projets numériques : des reportages vidéo hebdomadaires (tutos explicatifs de disciplines sportives, autoportraits d’athlètes…), un podcast de témoignages de personnalités sur leurs souvenirs olympiques et une verticale sport sur le site Franceinfo. S’y ajoutera, pendant la compétition, Quels Jeux !, un talk-show quotidien animé par Léa Salamé et Michel Drucker. La régie s’est, elle aussi, mise en ordre de marche. Une « task force sport » a vu le jour il y a deux ans déjà pour accompagner les marques. FranceTV Publicité a lancé fin 2022 la commercialisation de ses espaces (places partenaires, meilleurs écrans TV et digitaux…), qui se poursuit aujourd’hui.

Rodolphe Saadé, l’armateur avide de médias

« Les médias m’intéressent » et « je regarde tout », avait déclaré sur France Inter Rodolphe Saadé fin 2022. Depuis qu’il a racheté La Provence et La Tribune, son groupe CMA CGM est attendu dans l’audiovisuel. Il a tenté de reprendre M6 avec Stéphane Courbit et Marc Ladreit de Lacharrière et possède désormais plus de 10% du groupe M6. « Rodolphe Saadé est en train de faire comme Francis Bouygues quand il a racheté TF1, il y a trente-cinq ans. », a déclaré Nicolas de Tavernost à Télérama. Il a aussi pris une participation dans Brut et lorgne Altice Media au cas où… Au point de devoir démentir « les rumeurs concernant l’acquisition de BFMTV qui sont apparues sur X ». Une première.

Clément Schwebig, le visage de Max 

Dans un paysage déjà saturé, une nouvelle venue devrait faire son entrée en France en 2024 : la plateforme Max. Portée par Warner Bros. Discovery et par Clément Schwebig, son président Europe de l’Ouest et Afrique, elle sera un challenger sérieux : son offre inclura notamment des séries HBO (Game of Thrones…) et du sport, via Eurosport. Elle retransmettra aussi les JO. Toujours en France, Prime Video (Amazon) devrait, elle, lancer une offre avec publicité.

Maxime Saada, à Canal+ et Lagardère

Contre toute attente, les journaux du groupe Lagardère passés sous pavillon Vivendi, Paris Match et Le JDD, ne sont pas allés dans l’escarcelle de Prisma Media (Vivendi), pourtant premier éditeur de presse de France. Et c’est Maxime Saada, patron du groupe Canal+, qui a été nommé vice-président de Lagardère, quand bien même Vivendi étudie un projet de scission qui séparerait les deux entités. Le dirigeant de 53 ans, qui a toute la confiance de Vincent Bolloré, est à l’origine de la ligne éditoriale plus droitière à C8 et CNews, avec un soutien jugé parfois ostentatoire à Éric Zemmour durant la campagne présidentielle. De quoi irriter certains sages de l’Arcom qui y ont vu une dérive dans la mission de neutralité et de pluralisme de la chaîne d’info. Et si Le JDD suit déjà cette pente, qu’en sera-t-il de Paris Match ? 

Maxime Saada présentera à l’automne à l’Arcom ses demandes pour le renouvellement des autorisations d'émettre de ses chaînes de la TNT en 2025 (Canal+, C8, CNews, Canal+ Sport et Planète+). Autant dire que les échanges avec le régulateur – qui regardera les sanctions prononcées – vont être nombreux et fournis. Ce dernier instaurera-t-il des clauses limitant les synergies entre les actifs du groupe Canal+ ? Il l’a déjà fait en novembre en limitant à 2 h 15 les codiffusions entre Europe 1 et les médias tiers du groupe, publicités incluses. Les obligations de CNews « en matière de pluralisme de l’information et en matière sociétale » seront-elles renforcées, comme elles l’ont été pour Europe 1 ? Les paris sont ouverts.

Rima Abdul-Malak, dans tous ses États

La ministre de la Culture devra arbitrer à l’été les préconisations des États généraux de l’information, animés par Christophe Deloire et présidé par Bruno Lasserre, ancien patron du Conseil d’État et de l’Autorité de la concurrence, par ailleurs mis en examen pour « complicité de harcèlement moral » après un suicide. Rima Abul-Malak espère « une mobilisation citoyenne et un débat citoyen sur le bien commun qu'est l'information » et « éventuellement des évolutions législatives ». Mais elle a aussitôt prévenu : « Ce ne sera pas le grand soir ». Las, le public peine à se mobiliser en l’absence de tout débat sur le traitement éditorial et les EGI sont déjà chahutés sur leur gauche par les 59 propositions d’une centaine de médias indépendants et, sur leur droite, par des EGI concurrents organisés par Christine Kelly, de CNews. Christophe Deloire, lui, fait état sur X de toutes les contributions qui lui parviennent et entend « faire émerger du consensus ».

Karim Nedjari, à l'écoute des attentes sportives

Le discret directeur général de RMC, Karim Nedjari, a calé ses ambitions sur l’exceptionnel calendrier sportif. La station est le partenaire officiel de l’UEFA Euro 2024 avec les 51 matches diffusés en direct et une radio digitale. Pour les JO, les auditeurs auront quatre stations digitales dédiées : « la radio premium, une radio 100% Bleus-Équipe de France et deux radios thématiques : l’une sur le judo et l’escrime, l’autre sur l’athlétisme et les grands sports olympiques en fonction de l’actu », nous détaille-t-il.