Créé en 80 jours, le nouveau quotidien du 7e jour s’est imposé comme un repère solide dans l’offre dominicale en dépit de moyens limités.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », écrivait Mark Twain que citent toujours les audacieux. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’aventure qui mène Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune et Bruno Jeudy, qui a rejoint en mai Why Not, branche médias de CMA-CGM, le groupe du discret milliardaire Rodolphe Saadé. En août, il est officiellement directeur du futur journal. Présenté aux potentiels lecteurs lors de petits-déjeuners dans plusieurs villes de France, le quotidien du dimanche a le projet d’être « un journal généraliste, ouvert, responsable, prescripteur, nuancé et républicain », explique alors à Paris Bruno Jeudy. À la première partie dédiée à l’actu doit succéder une partie culture, sport et loisirs fournie. Dès son 1er numéro du 8 octobre, porté par l’actualité de l’attaque du Hamas, l’hebdo tient ses promesses et affiche 50 791 exemplaires en DFP en octobre. Mais lancé en un délai record, le journal a besoin de réajustements selon lui.
Accueil chaleureux. « La concurrence est très agressive, nous assure humblement Bruno Jeudy entre deux interventions sur le plateau de BFMTV. À Paris, nous sommes dans le match avec Le JDD que l’on a parfois devancé. Nous sommes battus en province, en raison de notre manque de notoriété et de problèmes de distribution. Nous allons développer les réseaux secondaires sur tout le territoire et le portage en région parisienne. N’oublions pas que ce jour-là, seuls 11 000 marchands de journaux sont ouverts quatre heures, contre 30 000 les autres jours ».
L’homme, qui a participé au lancement du Parisien Dimanche en 1999 et a été rédacteur en chef du JDD pendant cinq ans vise en moyenne 20 000 ventes en kiosques en 2024, sachant que janvier et février sont toujours des mois difficiles. Bruno Jeudy se félicite de l’accueil chaleureux réservé à l’offre éditoriale du titre. « Nous avons réussi à être identifiés comme un journal différent. Nous revendiquons d’être "Le journal qui rassemble" et d’affectionner la nuance et le pluralisme. Nous allons développer les interviews croisées en politique comme en culture ».
Côté chiffre d’affaires publicitaire, les nouvelles sont bonnes. « Les annonceurs nous suivent puisque nos résultats sont bien au-dessus de nos prévisions au point d’avoir embauché une commerciale pour les secteurs culture et médias », poursuit-il. Côté équipe, le journal repose sur 14 CDI et huit collaborateurs réguliers auxquels s’ajoute le renfort des 40 journalistes de La Tribune dont 20 sont à Paris. Le directeur a sollicité un renfort journalistique pour 2024 notamment en sport et espère quelques embauches. S’il devine une cible CSP+ urbaine, Bruno Jeudy attend une prochaine étude de lectorat pour mieux connaître son public et cerner ses attentes. Va-t-il ajouter des pages jeux, travailler sur un supplément grand public ? Le supplément La Tribune Futurs, dont le premier numéro de 12 pages était dédié à l’IA, va se pérenniser et se décliner autour de différents thèmes. Enfin, des petits-déjeuners vont être à nouveau organisés avec des influenceurs notamment. Toujours s’améliorer, ne rien lâcher, semble être l’objectif de Bruno Jeudy.