La première radio de France poursuit sa course en tête, en linéaire comme en podcasts. Et les innovations impulsées par Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, rencontrent l’assentiment du public.
Avec 6 931 000 auditeurs (+144 000 en un an), une audience cumulée de 12,5 % et une part d’audience de 13,7 % en septembre-octobre 2023 selon Médiamétrie, France Inter poursuit son ascension alors que l’écoute du média radio décroît. Outre sa capacité à garder ses fidèles, la station publique renouvelle son offre désormais pilotée à 100 % par Adèle Van Reeth après une période de tuilage avec Laurence Bloch en 2022. « Alors qu’ils avaient été jugés audacieux par les uns et risqués par les autres, les changements effectués en cette rentrée, en particulier une matinale qui se poursuit jusqu’à 10 heures [avec Léa Salamé et Nicolas Demorand du lundi au jeudi] et offre un condensé de ce que l’on propose tout au long de la journée, ont été validés par le public dès cette première vague [PDA de 17,1 % +0,5 point en un an] Je suis heureuse de cette réussite collective et de la distinction que vous nous faites », confie la directrice.
Un investissement massif sur le numérique
« Ma mission est de créer une radio pour tout le monde avec du contenu pour chacun, explique Adèle Van Reeth. Soit une antenne puissante en direct qui rassemble et s’adresse à tous et parallèlement, un investissement massif sur le numérique pour que chacun puisse composer son contenu via les podcasts. » France Inter est déjà première en écoute sur le numérique et en podcasts, selon l’étude eStat podcast de Médiamétrie avec 44,6 millions de téléchargements dans le monde en octobre 2023. Parmi les récents podcasts sortis, notons la réussite de celui de Thomas Snégaroff, Anatomie d’un conflit, lancé cinq jours après l’attaque du Hamas du 7 octobre et qui permet d’éclairer le conflit palestino-israélien grâce au regard de deux historiens.
En janvier 2024, la journaliste Christine Masson proposera J’étais dans le film, soit neuf épisodes d’une heure pour décrypter comment le 7e art a représenté neuf professions. À l’occasion des 60 ans de la station, une partie du son fonds d’archives est aussi proposée en numérique. La normalienne veut aussi développer son offre sur les réseaux sociaux. « Au-delà de l’éditorial, c’est la vidéo que nous voulons développer pour aller à la conquête de nouveaux publics. Qu’il s’agisse de podcasts ou de l’antenne, nous voulons systématiquement proposer un corollaire vidéo et nous allons déployer cette action dans les mois à venir », détaille la directrice.
En dépit de ces résultats, France Inter a cristallisé cette année critiques et polémiques, de la suppression de la bande de Charline Vanhoenacker en quotidienne à la mauvaise blague de Guillaume Meurice sur Benyamin Netanyahou, en passant par des attaques de l’extrême droite sur le bien-fondé de l’existence de l’antenne publique. La directrice pointe une explication : « On attend toujours de ceux qui ont du succès qu’ils soient irréprochables et on leur pardonne moins ». Elle en tire une leçon : « Cela fait partie de mon travail de gérer ces crises et j’ai acquis plus d’expérience en un an ». Un regret : « C’est dommage que ces sujets, quand ils occupent le devant de la scène, cachent tout le travail que nous déployons ». Mais sa conviction reste ferme : « Nous continuons d’avancer sans être sur la défensive », conclut-elle.