Proposée par le conseil de surveillance du quotidien économique, propriété de LVMH, la candidature de François Vidal, actuellement directeur délégué de la rédaction du journal, a été rejetée par plus de la moitié de la rédaction.
La rédaction des Echos s'est opposée jeudi 28 septembre à une large majorité à la nomination comme directeur de la rédaction de François Vidal, dont le nom avait été proposé par le conseil de surveillance, a appris l'AFP de source interne. La candidature de François Vidal a été rejetée par 164 voix contre 60 pour, 7 blancs et 14 abstentions), soit un veto de 66,9% des inscrits. Ce vote intervient alors que ces derniers mois ont été émaillés de craintes au sein de la rédaction quant à l'indépendance du quotidien économique vis-à-vis de son actionnaire, le géant du luxe LVMH, dirigé par le milliardaire Bernard Arnault.
François Vidal assurait l'intérim à ce poste depuis le départ surprise de Nicolas Barré en mars. La Société des journalistes (SDJ) des Echos avait protesté contre ce départ, y voyant une « éviction brutale par l'actionnaire », à la suite d'« articles qui auraient déplu ». Début juin, la quasi-totalité des journalistes du quotidien économique avait fait une grève de 24 heures, se disant inquiets pour leur indépendance. La SDJ avait accusé la direction du groupe Le Parisien-Les Echos de « vider de sa substance le droit de veto des journalistes sur la nomination d'un directeur de la rédaction ». Ce droit de véto était prévu dans « l'accord d'indépendance » signé fin 2007 entre les Echos et LVMH au moment du rachat du journal par le groupe de luxe.
Les grévistes estimaient que la direction élargissait le corps électoral prévu pour ce droit de véto et craignaient que cela n'entraîne de nombreuses abstentions, qui compteraient comme des soutiens au candidat de l'actionnaire. Le PDG du groupe Le Parisien-Les Echos, Pierre Louette, avait pour sa part fait valoir que ce corps électoral était « celui défini par la loi pour les élections professionnelles des représentants du personnel », se refusant à « opérer un tri entre journalistes votants et journalistes non votants ».