La grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood n’a pas encore de quoi inquiéter les diffuseurs français. Sauf sur certains points.

De la colère noire à l’écran noir ? En France, pas tout à fait. Et a priori pas dans un futur proche. Le 22 août, la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood, entamée depuis mai pour les premiers, juillet pour les seconds, connaissait un nouvel échec des négociations entre les représentants des grévistes et ceux des patrons des grands studios et des plateformes. À quelques exceptions près, cela se traduit par l'arrêt de la production TV. Les prochains Emmy Awards, récompensant les programmes de télévision, ont été reportés en 2024. Les acteurs sont appelés à ne plus participer à la promotion des films et des séries.

François-Pier Pelinard Lambert, rédacteur en chef du Film Français, explique à Stratégies que le mouvement constitue un « tremblement de terre » aux États-Unis mais que la question ne se pose « pas à la même échelle » en France. « Il n’y aura aucun impact en 2023-2024 à part peut-être pour quelques séries mais le public français ne va pas le sentir alors que les Américains, oui », complète Manuel Alduy, directeur du cinéma et des fictions numériques et internationales de France Télévisions. Le groupe ne diffuse d’ailleurs plus de séries américaines.

Alternatives et rediffusion

Les diffuseurs tricolores sont ainsi loins d'être au pied du mur. Toutes chaînes confondues - secteur privé compris -, « il y a moins d’américano-dépendance qu’avant », confirme François-Pier Pelinard Lambert. De son côté, le monsieur cinéma de France Télévisions observe que par rapport à 2007, année d'une précédente grève d’ampleur, les effets se font beaucoup moins sentir. Et il existe des alternatives : diffuser des fictions non américaines ou rediffuser des œuvres comme ce fut le cas pendant le covid, où la production avait aussi été freinée.

Toutefois, distigue Manuel Alduy, « tous les opérateurs ne sont pas affectés de la même façon : les plateformes sont dans un rythme de production rapide et, pour elles, l’impact est plus immédiat. La TV payante est moins sensible au sujet car elle propose des fictions de toutes nationalités - tout comme Netflix d’ailleurs -, tandis que sur les chaînes gratuites françaises, la fiction américaine inédite a beaucoup baissé en importance ». Comme aux États-Unis, le public français pourrait voir plus tard que prévu les prochaines saisons de Stranger Things (Netflix), The Last of us (Pass Warner via Prime Video) ou Star Wars : Andor (Disney+).  

Attente

Une question se pose pour les coproductions. Celles impliquant des partenaires américains peuvent être perturbées. C’est le cas de deux projets pour France Télévisions, où des participants manquent à l’appel, même si c'est en nombre « pas significatif ». Problème : les contenus concernés sont souvent des produits d’image, événementiels. Qu’ils glissent d’une saison à l’autre n’est donc pas une bonne nouvelle. Mais « nous avons toujours plus de développements en cours que l’on aura de place », assure Manuel Alduy. Les projets sont donc rehiérarchisés.

Même problématique côté cinéma. Canal+ notamment, signataire d’accords avec les principales majors (Warner Bros., Paramount…), est friand de films américains. Les fans français devront attendre, comme les autres, pour voir Dune 2, Gladiator 2 ou les prochains volets d’Avatar. Le risque de pénurie dans un an, pour les films actuellement à l’arrêt, n’est pas nul.

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