Dans son bilan portant sur l’année 2022, le Centre national du cinéma et de l’image animée montre le rôle des diffuseurs dans la santé du financement des films.
Après deux années atypiques en raison de la crise sanitaire, 2022 est intéressante à observer car elle représente une année post-covid, sans effet de rattrapage lié au gel des tournages en 2020. Dans son bilan de la production cinéma en 2022, présenté le 29 mars, le CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée] montre comment l’industrie du cinéma a évolué par rapport aux années 2017-2019. Premier constat, la production retrouve de sa vigueur puisque le nombre de films agréés l’an dernier (287) correspond à la moyenne des dix dernières années (288). Toutefois, comparé à 2017-2019, on compte moins de films d’initiative française (208 contre 233), même si cela correspond plutôt à l’étiage du début des années 2000.
Deuxième constat, sur près d’1,2 milliard d’euros investis dans la production agréée, les apports étrangers montent en flèche sur la même période (+22,3 %), à 283,7 millions d’euros, alors que les apports français, à 898,5 millions d’euros, ont tendance à s’étioler (-6,2 %). Un essoufflement qu’on retrouve dans le montant des investissements dans les films d’initiative française, en baisse de 7 %, à 915 millions d’euros. Sur ces films, les deux tiers ont des budgets inférieurs à 4 millions d’euros, un quart sont à moins de 1 million d’euros et quatre sur dix se situent entre 1 et 4 millions d’euros. Le devis moyen est à 4,4 millions d’euros, à la hausse, du fait surtout de grosses productions à plus de 20 millions d’euros : Miraculous, de Jérémy Zag, La Vie pour de vrai de Dany Boon, Jeanne du Barry de Maïwenn, et Dogman de Luc Besson.
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Alors que les coproductions atteignent un niveau record en vingt ans, en représentant plus de la moitié des films agréés, avec 33 pays partenaires en 2022, un tiers des films sont réalisés par des femmes contre 26 % en 2013. Cela se vérifie surtout sur les films de fiction (34 % réalisés par des femmes) alors que les documentaires féminins sont plutôt à la baisse. « Mais c’est peut-être un épiphénomène », précise Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective au CNC.
Les diffuseurs restent des partenaires majeurs avec des investissements qui représentent près de 30 % des devis des films d’initiative française, à 271,5 millions d’euros (+3,1 % par rapport à 2017-2019). Canal+ finance à hauteur de 117 millions d’euros alors que les chaînes publiques apportent 61 millions d’euros (40 millions pour France 2) et les chaînes gratuites privées, dont la contribution baisse, 47 millions. De fait, l’apport des diffuseurs historiques diminuant de 4,7 %, c’est l’argent des plateformes dans 17 films (21 millions d’euros), Netflix en tête, qui permet au cinéma de maintenir ses financements venus de la diffusion, les autres postes – les mandats de distribution et les soutiens publics – étant plutôt à la baisse dans la structure de dépenses. À noter toutefois : l’aide publique et le crédit d’impôt, à 257 millions, représentent une hausse de 14 % par rapport à 2016-2019.
Enfin, concernant l’achat d’espace, qui totalise 63 % des frais d’édition, l’affichage est passé de la moitié au tiers des dépenses en dix ans, tandis qu’internet a doublé, à 20 %, le cinéma restant stable (22 %) et la TV faisant un bond de 7 % à 14 % en un an.