La patronne de la régie des Echos-Le Parisien Corinne Mrejen pilote le virage RSE du groupe. Elle poursuit sa course dans l’univers des médias. Portrait d’une femme pressée.
Difficile de ne pas évoquer en premier lieu son énergie. Débordante, positive et contagieuse. Ses propos s’enchaînent et foisonnent, à la vitesse de ses associations d’idées, de son enthousiasme et de ses projets. Ses détracteurs lui reprochent de trop cumuler les casquettes : Corinne Mrejen est à la fois présidente de la régie et, en tant que directrice générale des Échos-Le Parisien Partenaires et diversification, « chief impact officer », comprenez « chargée de la RSE ». Ses fonctions sont à la hauteur de son appétit et de ses impatiences. À ses yeux, il est fondamental de « donner un sens à nos métiers. On a le devoir et le pouvoir de changer les choses ». Son obsession ? Calculer et limiter l’empreinte carbone des publicités et des médias eux-mêmes. « Si l’on doit mesurer le ROI des campagnes, pourquoi ne pas généraliser le COI, le coût de l’impact sur notre planète », martèle Corinne Mrejen.
Née d’une famille juive marocaine à Meknès, elle débarque, bébé, à Neuilly-sur-Seine avec ses parents et ses frères. Son institutrice de CE1 l’identifie comme un élément perturbateur. Elle empêche par sa « volubilité » - dit-elle - ses camarades de finir le travail qu’elle a déjà expédié. « Elle a convoqué mes parents. Elle s’attendait à voir des artistes tendance protestataires. Elle a découvert un couple modeste, père instituteur devenu kiné et mère secrétaire de direction. Un couple profondément respectueux de l’institution scolaire », sourit Corinne Mrejen.
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« Dans ma famille, l’instruction, l’éducation, la culture et l’équité sont des valeurs fondamentales. Nous sommes les fruits de la méritocratie et il nous incombe d’être à la hauteur de ce que la France nous a donné », soutient-elle. Elle hésite à faire Sciences Po. « À l’époque je me rêvais avocate ou journaliste ». Elle finance ses études en donnant des cours et intègre finalement l’Essec après avoir fait une maîtrise d’économétrie.
S’ensuit un parcours sans faute : SFR, FigaroMedias, M Publicité et L’Obs. Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, lui reconnaît « une force motrice incroyable. Et elle connaît par cœur le marché des annonceurs, des agences média et de la presse ». Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos-Le Parisien, élargit chaque année un peu plus son périmètre depuis six ans. De quoi encore nourrir ses envies et ses projets, ceux d’une femme jamais en panne de renouvellement. « Quand j’ai l’impression que je ne peux plus transformer les choses et avancer, quand j’ai l’impression d’être sur du plat, je pars », assure-t-elle. Pour l’instant, elle est à fond !
Parcours
1986. Maîtrise d’économétrie.
1986-1988. Essec.
1997-2003. Directrice média chez SFR.
2008-2011. Directrice générale de FigaroMedias.
2011-2016. Présidente de M Publicité et de la régie de L’Obs.
Depuis 2016. Présidente de la régie publicitaire Les Echos-Le Parisien Media, directrice générale du pôle monétisation et nouveaux territoires de croissance, et chief impact officer du groupe.