Sondage
Alors que les deux tiers des électeurs ne se sont pas déplacés aux élections régionales, dimanche, 60% des Français affirment qu’ils aimeraient pouvoir voter depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur, selon un sondage Odoxa pour Dentsu Consulting, Leyton et Stratégies.

Profitez des beaux jours pour aller à la campagne ou à la mer tout en assurant son devoir citoyen, c’est possible à condition de pouvoir bénéficier du vote à distance. C’est ce qu’attendent six Français sur dix, selon un sondage Odoxa pour Dentsu Consulting, Leyton et Stratégies, réalisé les 2 et 3 juin auprès de 1005 personnes, soit plus de deux semaines avant le résultat des élections régionales et départementales, qui se sont caractérisées par une abstention record (66%).

Et les Français sont de plus en plus favorables à cette possibilité puisque 60% d’entre eux déclarent qu’ils aimeraient pouvoir voter depuis leur smartphone, leur tablette ou leur ordinateur pour ces élections régionales et départementales, alors qu’ils n’étaient que 56% en mars 2020 (+4 points).

« Depuis de nombreuses années, la question revient régulièrement sur la table. Faut-il autoriser le vote électronique à distance ? Entre participation accrue d’un côté et craintes de fraudes de l’autre, les débats sont nombreux, souligne Emile Leclerc, directeur d’études chez Odoxa. Le rapport remis par Jean-Louis Debré en novembre dernier à Matignon comportait cette proposition, plus pressante encore compte-tenu de la pandémie ». Toutes les catégories de la population partagent cet avis à l’exception des plus âgés (44% des 65 ans et plus), moins à l’aise avec les nouvelles technologies.

Benjamin Grange, président de Dentsu Consulting, précise néanmoins que le sujet est encore très débattu sur les réseaux sociaux : « Concernant toutes formes de vote électronique, on recense 1 600 conversations (2% du total sur les élections régionales) dans les 30 derniers jours, avec un sentiment plutôt mitigé, dit-il. Malgré l’accélération numérique qu’a produit la phase de confinement, et une praticité évidente qu’apporte le vote en ligne, les Internautes restent prudents vis-à-vis des actes démocratiques majeurs à l’aube du retour à la vie d’avant ».

Politique à l'ancienne

Autre enseignement de ce sondage, les Français ont majoritairement (53%) le sentiment que les candidats aux élections n’utilisent pas assez les outils numériques pour faire connaître leurs propositions. C’est d’autant plus frappant que les mesures sanitaires plaident pour un lien à distance plutôt que pour le porte-à-porte ou le tract massif sur les marchés. « Malgré la profusion d’outils, la politique se déroule encore trop « à l’ancienne » pour nos concitoyens. Ils attendent davantage d’utilisation des sites internet, des mailings ou encore des réseaux sociaux », ajoute Emile Leclerc. C’est plus particulièrement vrai chez les jeunes et les ruraux, éloignés des centres-villes.

Gaël Sliman, président d’Odoxa, remarque d’ailleurs que ces élections se déroulent dans un contexte post-Covid de faible visibilité médiatique des campagnes politiques malgré des enjeux très importants en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en PACA. « Les Français ont une connaissance pas si mauvaise des enjeux politiques mais une réelle méconnaissance pratique, résume-t-il. Ils sont très mal informés des dates des élections régionales et de leur couplage avec les élections départementales ». Le numérique n’aurait-t-il pas pu être utilisé davantage pour sensibiliser la population à ces échéances ?

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Parallèlement, les Français utilisent de plus en plus le numérique pour des actes en lien avec la citoyenneté, comme des démarches administratives (82%, + 6 points sur un an), signer des pétitions en ligne (58% ; + 3 pts), et de façon minoritaire exprimer leur opinion politique (23%), ou participer à des consultations citoyennes (21%).

Les personnes interrogées disposent d’ailleurs, pour l'essentiel, d’une bonne connexion Internet et de la 4G. Ils sont respectivement 83% et 84% à l’affirmer. Mais ces chiffres tombent à 73% et 77% chez les habitants des zones rurales. Pour des millions de Français, la fracture numérique est encore une réalité.

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