Tribune
Même si elle est régulièrement décriée pour son caractère gênant, il ne faut pas oublier que la publicité digitale permet un accès gratuit à de nombreux contenus et services sur internet.

La Cnil a récemment épinglé Carrefour pour non-respect de la réglementation RGPD. Parmi les manquements reprochés au distributeur, les cookies publicitaires récoltés avant le consentement de l’internaute. Montant de l’amende : plus de 3 millions d’euros. Plus récemment encore, Google et Amazon ont écopé de respectivement 100 millions et 35 millions d'amendes pour le même motif. Une ampleur inédite en Europe. La cause est entendue : la publicité serait une intrusion détestable dans le quotidien de chacun, et le ciblage publicitaire relèverait d’une violation caractérisée de la vie privée.

Cette vision n’a pas attendu internet pour prospérer : TiVO, le premier magnétoscope numérique né aux Etats-Unis en 1999, permettait d’enregistrer des programmes mais aussi de sauter les intermèdes publicitaires. Dans une même logique plus primitive, la page de publicité TV reste le moment privilégié pour aller se chercher un snack ou une boisson. Plus récemment, la publicité digitale a vu l’essor de l’adblocker, qui permet de filtrer l’affichage de publicités sur les pages web.

La publicité peut certes être une gêne, quand elle bloque l’accès au contenu recherché. Ce type de publicité intrusive est la source d’une mauvaise image, et gagnerait à réapprendre les bases du «permission marketing». Mais ce serait oublier que la publicité finance dans l’internet, comme dans le monde de l’image, un écosystème entier d’applications et de programmes coûteux, mais accessibles gratuitement. Sans publicité, adieu recherches sur internet, réseaux sociaux, maps et autres Waze, webmail, YouTube et vidéos en ligne, Google Drive et stockage, informations en ligne et moultes autres jeux et applications gratuites sur smartphones et desktops. Le lecteur, en sa mansuétude légendaire, nous pardonnera nos oublis et omissions.

Juste milieu nécessaire

De même, il est de bon ton de considérer que tout ciblage est une atteinte à la vie privée. Mais n’est-il pas préférable de se voir proposer anonymement un hôtel à New York lorsqu’on vient d’acheter un billet d’avion, plutôt qu’une publicité aléatoire qui ne nous intéresse pas. D’ailleurs, la publicité qui fonctionne le mieux est cette publicité hyper-ciblée qu’on appelle le search : celle où vous déclarez vous-même ce que vous cherchez, par exemple une assurance auto.

Comme en toute chose, un juste milieu est nécessaire dans la protection de la vie privée. Mais l’obsession de la vie privée de ceux qui se prétendent les meilleurs amis des consommateurs relève plus de la croisade idéologique que d’une réelle protection des consommateurs qui n’en demandent pas tant. Comme disait Voltaire, «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge !».

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