Brexit
Des journalistes ont refusé de participer à un point presse du gouvernement britannique, lundi 3 février, pour protester contre l'exclusion de certains confrères. C'est un nouvel épisode de tensions entre les services du Premier ministre Boris Johnson et les médias.

Certains journalistes avaient été invités à Downing Street pour assister à un briefing du diplomate David Frost, sur la stratégie commerciale du Royaume-Uni après sa sortie de l'Union européenne. D'autres journalistes ont demandé à participer également à la réunion mais se sont vus priés par le directeur de la communication de Downing Street, Lee Cain, de quitter les lieux, selon le rédacteur en chef politique de The Independent, Andy Woodcock. En guise de protestation, tous les journalistes ont décidé de boycotter le briefing.

Interrogé sur ce traitement différencié, alors que David Frost est un fonctionnaire censé rester neutre politiquement, Lee Cain a répondu: «Nous briefons qui nous voulons, quand nous voulons», a rapporté Andy Woodcock. Interrogés par l'AFP, Downing Street n'a pas souhaité commenter l'incident. La journaliste de l'AFP qui suit les points presse réguliers de Downing Street n'avait été conviée, tout comme la correspondante politique du tabloïd de gauche The Mirror. «Je me suis sentie profondément mal à l'aise d'être laissée d'un côté de la pièce pendant que les noms des collègues étaient lus un par un et qu'ils rejoignaient le groupe jugé "acceptable" par Downing Street», a écrit cette dernière, Pippa Crerar, sur Twitter.

Un incident jugé «très inquiétant»

L'Union nationale des journalistes a dénoncé dans un communiqué un incident «très inquiétant», enjoignant le gouvernement d'«arrêter la paranoïa et de collaborer avec tous les médias, pas seulement ses préférés». Cet incident survient dans un contexte de tensions entre l'équipe de Boris Johnson et les journalistes politiques. Ses ministres ne participent ainsi plus à l'émission matinale de radio phare de la BBC.

La Société des rédacteurs, un groupe défendant la liberté de la presse, a en outre regretté la décision du gouvernement conservateur de déplacer ses points presse quotidiens du Parlement à Downing Street, quelques rues plus loin, craignant un accès restreint pour les journalistes. Cette organisation a aussi critiqué la décision de Johnson de contourner les médias traditionnels en recourant à sa propre équipe pour filmer son discours à la nation vendredi, diffusé une heure avant l'heure fatidique du Brexit, vendredi soir. En conséquence, les principales chaînes d'informations, Sky News et la BBC, ne l'ont pas passée en direct. Les agences internationales, dont l'AFP, se sont mises d'accord pour ne pas la diffuser à leurs clients.

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