C'est la sphère financière qui, ces dernières semaines, a donné un coup de projecteur sur ce réseau social, créé en mars 2010. Fort de levées de fonds de 37 millions de dollars, élue «meilleure start up de 2011» par le site Tech Crunch, Pinterest affiche une valorisation boursière de 200 millions de dollars. Enorme, alors que les rumeurs d'introduction en Bourse de Facebook attirent l'œil des médias sur les jeunes médias sociaux.
A la fois outil de publication en ligne et réseau social, Pinterest est ainsi devenue la nouvelle coqueluche de la blogosphère. Epingler («to pin») et classer par thèmes ses photos et vidéos favorites sur une sorte de tableau en liège virtuel, les partager avec ses amis, via ses comptes Facebook ou Twitter: simple, mais il fallait y penser. Accessoirement, le site comptait 11,7 millions de visiteurs uniques par mois aux Etats-Unis fin décembre 2011, selon Comscore.
Simple à utiliser, intuitif, il illustre la tendance des médias sociaux à aller toujours plus vers le visuel, au détriment du texte, comme le montrent la nouvelle ergonomie de Facebook et la plateforme de «microblogging» Tumblr.
Pinterest est un équivalent numérique au «scrapbooking» (collage d'images), avec une dimension très sociale: on crée son compte à partir de son compte Facebook ou Twitter, et on peut suivre les tableaux de bord des contacts que l'on a déjà sur ces réseaux sociaux. «En un clic, on peut “repiner” (réépingler) sur son tableau des images des autres», explique Emmanuel Vivier, consultant digital.
Autre atout viral, on y butine en fonction de ses centres d'intérêt. En allant sur la catégorie «danse», des photos d'autres internautes s'affichent. En cliquant sur une image, il est possible de retrouver sa provenance (billet de blog, etc).
Pour l'heure, pas de publicité apparente ni d'abonnement sur Pinterest. Le modèle économique semble reposer sur les liens publiés sur le site et pointant vers des produits. Cela lui permet de toucher une commission sur chaque vente. Malin, le réseau réalise des sélections dans le contenu publié par ses membres, qui mettent en avant des produits sur lesquels il gagnera quelques dollars.
Parce qu'il faut y être, les marques ont commencé à ouvrir leurs pages Pinterest. Même Mark Zuckerberg, patron de Facebook, y est. «C'est particulièrement adapté pour les marques de décoration, objets, mode, textile...», estime Emmanuel Vivier.
Chez Burberry USA, Louis Vuitton ou encore La Redoute, il fait surtout office de catalogue thématique. Marmiton y publie des recettes par tableaux thématiques sur les ingrédients, la saison, ou des occasions. Son usage est moins évident pour les services : Easyjet y a classé quelques images de destinations, ses personnels...
Côté médias, Time utilise son Pinterest pour montrer les trombines de ses journalistes et ses meilleures couvertures. Le Guardian y a diffusé des reportages de la Fashion Week de Londres. «Un média aura intérêt à développer les possibilités d'interactions avec des communautés en insérant des outils de partage. C'est idéal pour diffuser des diaporamas», remarque Benoît Raphaël, consultant médias et vice-président de Revsquare.
Reste à voir si Pinterest ne sera pas une nouvelle étoile filante sur le Web, tels Quora et autres Chatroulette. «C'est un site de curation visuelle, mais sans innovation. Il permettra difficilement à une marque de faire du marketing ciblé, d'entrer en conversation avec ses clients», modère Fred Cavazza. consultant en médias sociaux. Et une fois qu'il ne sera plus l'apanage des seuls happy few, sera-t-il si intéressant pour les branchés?